17.3.10

Shout again 

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1971

Je n'étais qu'un cri.

Disait de moi mon aïeul
foudroyé à Carnoux-en-Provence,
dans son jardin agrippé à la colline.

Je suis voix lâche et confite,
entre contrat social et chaos viscéral,
un chant de l'oiseau
de mes nuits blanches
du foulard rouge de mes noces
et du mariage à l'église
dans cet été crissant.

Je dis maintenant l'élevage heureux de l'enfant,
juste tes mains sur mes hanches,
juste vivre enfin le printemps.

// posted by tita67 @ 17.3.10

6.2.10

Better than 

Ma passion pour toi lorsque tu cèdes à être parallèle, pour John Butler Trio et pour mon boulot qui me tient vibrante à bout portant. Je ne prends plus de livre dans le métro, je ne m'assoie jamais, j' esquive l'odeur, la promiscuité des téléphones et des uniformes de la diversité, mon obsession reste atroce de tes pénétrants secrets. C'est l'hiver comme une lutte à toi je te donne, toi non jamais je ne te donnerai.

// posted by tita67 @ 6.2.10

22.11.09

La porte 

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Sarah Lucas
"Choppers for Life"
2002

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Sarah Lucas


"Merci d'être sans jamais te casser, iris, ma fleur de gravité. Tu élèves au bord des eaux des affections miraculeuses, tu ne pèses pas sur les mourants que tu veilles, tu éteins des plaies sur lesquelles le temps n'a pas d'action, tu ne conduis pas à une maison consternante, tu ne permets que toutes les fenêtres reflétées ne fassent qu'un seul visage de passion, tu accompagnes le retour du jour sur les vertes avenues libres."

René Char
Lettera amorosa
1958

// posted by tita67 @ 22.11.09

6.9.09

Cet été 

Cet été
Je ne suis pas allée danser avec les filles
Ma dent s'est cassée sur la fin de notre histoire
je t'ai donné le coup de grâce
j'ai mis mon orgueil dans ma poche
et me suis remise à aimer
autre
autre homme
dans l'agonie des souvenirs de quartier
de quand j'étais
de quand je t'aimais

// posted by tita67 @ 6.9.09

8.6.09

Madre de Dios 

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Terry Winn
1993

Pour la Fête des Mères décalée ce soir en rentrant tu m'offres tes trésors, fils aimé : un caillou bleu strié de blanc trouvé sur une plage de Vendée, quatre très bonnes notes à honorer dans un tue tête d'I love you d'Oryane Wilson tiré de ta playlist concoctée sur Deezer. Ta danse et tes baisers.
Samedi, la visite de ton futur collège m'arrache les larmes d'une vie adolescente que je n'ai pas connue. L'accueil fraternel de tes compagnons plus âgés parlant à toute vitesse nous propulsent dans le dédale des multiples salles et escaliers, j'ai le tournis entre le CDI, tous les profs, le bureau de la vie scolaire, les ordis de la salle de Technologie, les paillasses de SVT, le réfectoire où café, thé, gâteaux nous attendent, oui merci.
Je réajuste ma vie. Je ne m'y épuiserai pas tant. J'aurai plus de temps et d'argent, je saurai quoi faire le samedi. Pour toi épargner le fruit de mon travail et de mon impatience.

// posted by tita67 @ 8.6.09

16.5.09

About today 

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Julie Mehrety
Except
2003


// posted by tita67 @ 16.5.09

10.5.09

Ataraxie 

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Delphine
2005

Je reviens dans l'air plus heureux du temps. Je volte face à l'énigme griffonnée, aux confidences portées en écharpe, au dauphin à l'oreille repentie, aux naufragés de la matrice.
Temps à me colleter avec les mots, vains des lustres et ne rien extraire, ni d'essences ni des poudres, ni de la répétition.
Temps pile à l'agence, mon goût pour le boss & boulot, satisfait. Frénésie laissant exsangue, petit ballot.
Temps à l'appauvrissement de mes lettres noyées en Daily Mail, de mes marques, temps à la mort une à une des boutiques de mon quartier transformées en Subway, en Paris Nails, en échoppes dégueulant de misères tenues par des chinois balbutiant, le français, et mes cafés martyrisés par la dictature du voisinage, devenu si replet, si vieux qu'il ne veut plus rien entendre.
Les Apaches de Paris ont collé dans le 5, j'aime bien leurs conserves de Poulbot, ça requinque, mais dès, las la militance, une autre idée de la France.

La vieille chatte Lilith est morte à 17 ans.
Une vie au temps pour moi, enfuie de ses poils gris. Comme je n'aurai pas d'autre enfant, ni d'autre mari, je n'aurai plus d'autre animal de compagnie.
Je désire les fleurs et liquider le superflu.

Le patient revient ponctuel, avec ses crachats, la souffrance de sa plèvre, relire ses rêves puis passer la porte. Vers l'assomption.
Après la séance, souvent je mange une crêpe au sucre place Jussieu, je fume une cigarette sur le banc, je suis bien, les punkskins à chiens se lancent des canettes.

// posted by tita67 @ 10.5.09

31.1.09

Analyste profane 

Le renoncement facile aux fleurs du marché, aux fromages des crémiers, à la viande trop belle du boucher, aux poissons ruisselants, au coca-light, aux biscuits raffinés, aux verres de vin en terrasse. Ma vie raccourcie aux 25 mètres carrés, au chat devenu aveugle, au matelas trop mou du canapé gris, aux chiottes sur le palier mais, le faon volant aux arts martiaux, mais l'amant aux yeux verts, et les livres dévorés dans la putréfaction renouvelée du métro. Mais au cabinet, à recevoir mon premier patient dans l'odeur de sa stupéfiante déréliction, dans mon silence bienveillant suspendu, dans l'heure qui coule à l'écouter me dire.

// posted by tita67 @ 31.1.09

2.1.09

Bonne Année 2009 ! 

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René Gruau
"Diorella"
1981

"Nous sommes au tout début, vois-tu.
Comme avant toute chose. Avec
Mille et un rêves derrière nous et
sans acte."

R.M. Rilke
"Notes sur la mélodie des choses"
1898

// posted by tita67 @ 2.1.09

25.10.08

Entre Bellasse et chaos 

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Maurice Estève - 1906
Bellasse

Semaines galvanisées au taf, acquisition et fusion, réorganisation des services et des idées, actifed et vitamine C, changement d'heure, vodka en shot, remise des lointaines affaires d'été à la cave. Dans le métro je voyage tôt et tard sur la ligne 3 avec de jeunes types à l'air anxieux dont je ne capture jamais le regard, avec de belles filles chics et maussades peut-être jalouses de mon sac. Je lis "Le commencement du monde" de Jean-Claude Guillebaud, en couverture ce tableau de Maurice Estève. Le soir, je visionne à nouveau "Band of Brothers", de tous ces hommes si courageux mon préféré sera toujours Winters le beau rouquin. Je pense à l'excellent "Cendrillon" d'Eric Reinardht, au passage à la nuit du trader. La roue tourne. Rien n'est encore palpable dans mon petit village de Lutèce. La vie continue, mon fils a fêté ses dix ans et rayonne et quand il n'est pas là près de moi, je passe trop de temps dans les cafés du quartier au lieu de vaquer à mon affaire. A faire de la psychanalyse de comptoir à de jolies jeunes femmes presque ivres, à enfouir leurs secrets dans ma tombe, à boire et fumer sans désespoir et je dis à tous que la vie est belle et juste et que je n'ai pas honte de croire en Dieu. Je prends parfois tard le soir entre mes mains amicales des visages auxquels je dis qu'ils sont beaux et qu'ils ne sont pas obligés de souffrir, ainsi que leur vie leur appartient, et qu'il faut faire si possible au moins un enfant et vivre au jour le jour sans crainte. Je lis souvent en pleurant la vie bouleversée d'Etty Hillesum, je lis les Notes sur la mélodie des choses de Rilke et la magnifique monographie de Jacottet sur Rilke et je m'endors poète entre aspirine et insomnie heureuse de ma vie, heureuse de mon mesuré chaos.

// posted by tita67 @ 25.10.08

20.9.08

Après la lyse 

Après la lyse, j'arpente les nouveaux quartiers de ma soif. Je bois à d'autres sources, je fabrique une autre pulpe. Je suis politiquement moins amène que lorsque j'avais vingt ans. Je suis d'ailleurs placée sur d'autres listes, il y en a que cela gêne. "Chaque âge a sa beauté, et cette beauté doit être toujours être liberté". Je cite Brasillach dans "Les sept couleurs", c'est vous dire si je n'ai peur de rien.
Samedi soir au logis tout petit, si charmant, le fils a invité un ami à y partager la nuit, les voici tous deux installés dans la chambre à regarder un film sur mon portable réquisitionné. J'écris, je préfère, donc sur du papier, je cherche des images pour vous, pour moi, dans mon iconographie. Si je jouissais de plus d'espace, les livres d'art l'aurait déjà dévoré. Faute de place et d'acquérir, je collectionne les cartes postales des musées du monde entier. Rien ne me fait plus plaisir, si un jour vous m'écrivez, de recevoir les plus belles oeuvres sur un 10x14,5 imprimées. Ce qui heurte reste le temps et comment au mieux l'utiliser. Avant je me ruais résignée sur l'éponge, aujourd'hui je lui préfère créer, c'est à dire pour moi humblement associer un texte à l'image, je n'ai pas d'autres prétentions exprimées.
Quand je ne fais rien ici c'est que la vie me mange.
Je suis aussi photographe des visages aimés, je prends leur regard unique pour moi à un instant T. Je n'aime pas les fixer en groupes, je n'aime pas les vieilles pierres, ni les vagabondages du ciel ni les murs des quartiers.
Dans ma rue du 5, je fréquente deux cafés, vous y trouverez ma signature aux toilettes. Ma réputation y est sans tâches, certes, j'y bois mais je suis comme on dit, une tombe, vous pouvez tout me confier. Un jour de cette oreille, je ferai mon métier. J'aurai un patient, puis deux, puis vingt, un jour j'en vivrai. L'autre chose que je ferai sera de redevenir encadreur. Ce sera quand j'aurai cette fichue place où pouvoir arquer. Je guérirai toutes les oeuvres mal présentées, je leur offrirai un joli fond, des marges nettes, un cadre bienveillant qui les magnifieraient. Je laverai leur verre entre deux chiffons bien propres.
J'ai souvent les mains sèches, mes ongles sont durs, quand je touche, c'est pour toucher.

// posted by tita67 @ 20.9.08

18.9.08

Utopia 

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Juan Davila
Utopia - 1988

"L'Etat n'est que la muselière dont le but est de rendre inoffensive cette bête carnassière, l'homme, et de faire en sorte qu'il ait l'aspect d'un herbivore"

Arthur Schopenhauer
"Le monde comme volonté et comme représentation du monde"

Je suis très heureuse de la tournure des choses. J'aime beaucoup mon travail parce qu'il demande de la diplomatie, de la mémoire et de l'esprit. Je reste en retrait, je plaisante, je m'attache à être efficace, je protège avant tout le patron. Ce soir, la première réunion générale de ma nouvelle agence était très réussie. Les gens ont peur, le patron a été brillant, nous avons servi du champagne et tous ont pu s'exprimer. Arrivé mon tour, j'ai préféré ne rien dire au prétexte que j'étais trop nouvellement arrivée. Je me réserve, je reste jusqu'au bout pour tout boucler.
La vie est toujours belle, je suis si bien entourée. Le faon plein de grâce adule son institutrice, c'est vrai, elle ressemble furieusement à Julia Roberts. L'homme qui m'accompagne me voue amour constant et présence et m'évite ainsi toute souffrance d'aimer.

// posted by tita67 @ 18.9.08

15.9.08

Blow 

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Sarah Jane Eddy
1900

Le temps est plein comme un oeuf. Tant qu'après plus rien, il s'en est trop passé à raccorder au dernier entretien, lui donner du vert à croquer. Même pas l'apnée d'une synthèse, ça fuse, tortille ses tresses, je dois m'adapter. Je porte des jupes, je déjeune à mon bureau sans faire de miettes, je rentre à 20 heures. Je suis rarement de mauvaise humeur, il ne faut pas gâcher. Le temps du transport m'offre de lire, je suis souvent assise, je n'épie pas ma voisine, je n'entends rien, je sens toujours. Tout est passionnant. La finance effondrée, la femme que je remplacerai, les gens de mon quartier, mon fils au dojo, le pape aux Bernardins. Dimanche était gratitude, dimanche triomphait de ma course.

// posted by tita67 @ 15.9.08

31.8.08

Vita nova 

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Danny Matthys - 1979
"Vivre d'Abord"

"L'appétit va ; la lessive se fait, la vie sent bon"
Alain

La vie sent bon, j'ai un nouveau travail. Je l'ai décroché le soir même de mon départ définitif de l'agence. Je portais une jolie robe noire achetée pour l'occasion. Tout est bien. J'ai quitté le Marais pour l'avenue de Villiers, je n'ai plus 7 mais 20 collègues, ma fiche de paie a meilleure mine, je travaille maintenant pour un homme intelligent et droit, élégant et fort courtois. Entre les deux contrats, je suis partie en vacances avec le faon et le chat, le coeur léger, souple comme l'air. Là-bas, ô Méditerranée, je passais la matinée au soleil sur le port à regarder le fils naviguer, à lire. Nous dressions ensuite la table du déjeuner sous le gros figuier, la sieste bruissait de cigales, ma peau devenait caramel, je nageais, je devenais plus belle.
Ce blog a 5 ans, c'est beaucoup de ma vie écrite ici. Je suis toujours émue aux anniversaires. Je suis au virage, seuil, grand tournant.

// posted by tita67 @ 31.8.08

11.7.08

Amor fati 

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Edouard Boubat
Ange - 1974

"I want to learn more and more to see as beautiful what is necessary in things; then I shall be one of those who make things beautiful. Amor fati: let that be my love henceforth! I do not want to wage war against what is ugly. I do not want to accuse; I do not even want to accuse those who accuse. Looking away shall be my only negation. And all in all and on the whole: some day I wish to be only a Yes-sayer."

F. Nietzsche
Section 276
The Gay Science

// posted by tita67 @ 11.7.08

27.6.08

Violence des échanges en milieu tempéré 

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Peter Doig - Hitch Hiker
1989-1990

Je ronge mon frein. On m'a mise dans un coin, derrière un poteau, à un bureau réduit de moitié. Les fils de l'ordi, du réseau, du téléphone courent entre mes pieds et entravent mes roulettes. Ma lampe m'a été enlevée, on veut aussi m'ôter un petit caisson à tiroirs où serrer mes affaires. Le mois prochain, je serai remplacée par une jeune femme aux cheveux bouclés à bac+1 embauchée à mi-temps qu'il faudra former fissa fissa pour me relever.
Je lis sous mes paupières ma lettre de rupture.

// posted by tita67 @ 27.6.08

9.6.08

Seine et marne 

Journées mornes au travail à couver une liberté à recouvrer en août. Je boue. Je boute hors de ma vie ce qui pèse, je colmate ma lézarde. Fille Seine, je sors de mon lit pour inonder les caves, laver les fondations, éprouver les piliers. Je dévale les ruelles de la montagne Sainte-Geneviève. Very good fluency.
République est très sale, défigurée par les campements, les étrons au pied des arbres, les restes des soupes populaires. Les couloirs du métro sont jonchés d'êtres voilés implorant en silence dans la pisse. Je passe sans compassion, souvent. Je deviens minérale. Je n'ai de cesse que ma propre création.

// posted by tita67 @ 9.6.08

24.5.08

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Minucchio Da Sena, Avignon - 1330
Rose d'or offerte par le pape Jean XXII
à Rodolphe De Nidau

Fleurs de glace

"Et me voici, le nez aux vitres, dans le ventre de la lumière vidée de son ombre, graine de tumulte.

Une aurore en lame de couteau beurre les toits, les gibets, les caniveaux. Une chasse à courre chez les Valois retentit dans mes oreilles et je vois les piqueurs dans la clairière, les sapeurs-pompiers qui vont à l'incendie, à la délivrance de l'asphyxié. L'avocat général crache à la figure de la veuve et de l'orphelin. Le peuple n'est pas content, ce qui n'a pas d'importance. Voici le jardin de l'éternité sans pourriture ni parasites ; il apparaît une ou deux fois l'an à ceux qui ne sont pas de ce monde, tant le présence de l'homme est une absurdité. Il faut bien peu de choses pour briser une nature incorruptible."

Maurice Blanchard
"La hauteur des murs"
1939 - 1944

// posted by tita67 @ 24.5.08

16.5.08

Mère et fils 

Mon petit aux yeux cernés, à la voix noyée quand tu parles du père, de son bébé à naître, du temps qu'il t'accorderait une fois l'enfant né, de cette nouvelle vie, de cette famille recomposée où te voilà plongé. Nous sommes allongés côte à côte sur le canapé gris déplié, il est sûrement tard, tu as école demain, sur la couette moelleuse où tu fais des galipettes pour mieux éteindre l'angoisse de ton jeune être, je t'écoute, en te parlant comme à un homme je t'accouche encore de la vie, je te donne quelques clés. Je partage avec toi l'aventure humaine.

// posted by tita67 @ 16.5.08

15.5.08

Extraits de Mai 

A l'agence la musique est trop forte. J'aimerais être ailleurs. Je pense à la manifestation de vendredi dernier. C'était heureux de m'y rendre bien qu'elle ait été interdite et de constater que nous étions tout de même nombreux, c'était bien d'avoir pu échanger quelques mots avec quelques uns. Une fois arrivés au carrefour des Gobelins plusieurs groupes se sont dispersés pour échapper aux flics et tenter d'atteindre le point de rendez-vous par d'autres chemins. ll faisait chaud et lourd. Je suis rentrée chez moi un peu survoltée et triste comme après une boum à treize ans mais en plus important.
Maintenant il n'est plus vraiment nécessaire que j'assiste aux réunions. On m'envoie parfois porter un paquet à travers la France. Je prends le train, ça me permet de lire beaucoup de philo et de rêver à ma modification. J'ai l'impression d'être libre. Je prends aussi des cours d'anglais pour gagner plus d'argent, je fais des progrès a dit Bambi, ma professeur australienne qui est une jolie et grande perche à la peau très blanche et aux yeux très verts. Je trouve ma vie à nouveau passionnante parce qu'elle est très occupée et plutôt vibrante.

// posted by tita67 @ 15.5.08

11.5.08

Là est le temple 

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Paul Gauguin
Pahari te marae
1892

"Dans un sens, c'est bien ma vie que je joue ici, une vie à goût de pierre chaude, pleine de soupirs de la mer et des cigales qui commencent à chanter maintenant. La brise est fraîche et le ciel bleu. J'aime cette vie avec abandon et veux en parler avec liberté : elle me donne l'orgueil de ma condition d'homme. Pourtant, on me l'a souvent dit : il n'y a pas de quoi être fier. Si, il y a de quoi : ce soleil, cette mer, mon cœur bondissant de jeunesse, mon corps au goût de sel et l'immense décor où la tendresse et la gloire se rencontrent dans le jaune et le bleu. C'est à conquérir cela qu'il me faut appliquer ma force et mes ressources."

Albert Camus
Noces
1939

// posted by tita67 @ 11.5.08

7.5.08

Interim 

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Claes Oldenburg - 1960
Diagonal Girl against the Flag

Les rennes, le temps et l'argent. Inconsciente. Le métier en volante, amazone d'une mission, puis à d'autres. Ainsi je n'aurai pas à vous aimer trop longtemps, ni à vous connaître vraiment. J'exécuterai, serai payée puis partirai. J'imagine qu'il me faudra porter plus de fards et l'habit conséquent. Je serai plus encore femme souple et gaie qui porte du rouge à lèvres et qui sent bon. Je prends le risque, j'empoigne ma vie ou bien j'implose.

// posted by tita67 @ 7.5.08

16.4.08

En tête 

Des ordres peu clairs, des hue et dia de manège, des vexations épistolaires, des piques pour pécadilles, comment oublier que je suis remplaçable. Puisque l'angoisse tapissait mes nuits, il fallait une décision qui libère. Et puis, on me presse, il faudrait écrire, tout rose et souvent et surtout des histoires de consolante à poitrine ample où se blottir, se sentir chose. Ce n'est pas mentir cette envie de chialer, on dira temps moroses malgré les belles fringues de Carla.
Puisque j'avais le coeur en marmelade, je voulais follement me souvenir de quelque chose de doux comme la nuque en frison d'un petit frère, un moment de l'enfance édentée, bien avant les loups, le beurre et la mort de mère-grand. J'ai pensé à une blanquette de veau et ses câpres flottant dans la sauce au citron et à Lucien Jeunesse à l'heure de l'apéro, c'est beau, c'est si net cette table du dimanche et je suis toute pure d'être allée à la messe. Les grands prennent le café sur le balcon ensoleillé surplombant le quai de Stalingrad, à cette époque des péniches passent et l'île Saint-Germain est un grand potager, un repaire de ferrailleurs, à cette époque l'usine Renault fait encore vrombir sa sirène à l'embauche. Les grands ont sans doute des soucis mais ils nous semblent heureux, ils nous demandent parfois de nous taire un petit peu. Aujourd'hui j'ai souvent peur, je pense, bien plus peur qu'eux hier.

// posted by tita67 @ 16.4.08

12.4.08

Monochrome 

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Robert Ryman
Winsor 6
1965

"Il y a hâte en moi. Il y a urgence. Je voudrais. Je voudrais quoi que ce soit, mais vite. Je voudrais m'en aller. Je voudrais être débarrassé de tout cela. Je voudrais repartir à zéro. Je voudrais en sortir. Pas sortir par une sortie. Je voudrais un sortir multiple, en éventail. Un sortir qui ne cesse pas, un sortir idéal qui soit tel que, sorti, je recommence aussitôt à sortir. "(...)

Henri Michaux
Misérable miracle
1955

// posted by tita67 @ 12.4.08

21.3.08

A la vie, à la mort 

Beaucoup de joie tu sais, ma vie, plutôt que la promesse des voyages, plutôt que l'obsession du dépaysement, du divertissement culturel, du savoir accumulé, ce n'est pas l'agent du moment, ce n'est pas de mon ménage. Au rare téléphone, tu paves ma journée de l'enfer de tes "sans te blesser", "tu n'écris plus pareil", "tu te répètes", femme sous influence pense un moment que c'est tellement vrai que tu me fais pleurer. Après, je ris même si je ne sais que faire.

Je me souviens du jour où A. et moi avons décidé de nous séparer, nous avions tous deux retiré nos alliances et les avions posées côte à côte aux pieds d'un petit boudha qui nous avait été offert.
Hier un jeune type pleurait dans la rame de métro. Il est descendu à la Gare d'Austerlitz. Je suis restée immobile à chercher une idée.
Je croise l'infirmière ravissante qui m'administrait de la morphine à la clinique et à qui je répétais : j'ai peur.
Je me réconcilie avec le genre humain en allant voir Bienvenue chez les Chtis, je ris comme une baleine.
On me demande de temps en temps si il y a une suite à ma saga personnelle "Feeling like a rolling stone" dont le récit s'achève ici sur ce blog en 1988. La suite, c'est surtout l'héroïne et l'amour qu'elle maltraite. Est ce que j'ai envie de raconter ma vie avec elle et avec la bande de petits gauchistes sectaires avec qui je la prenais ?

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Ce texte "André et Yvonne" me revient, quatre ans après... des proches l'ont lu et m'ont fait part de leur émotion.
Je le trouve plus mal écrit que dans mon souvenir, j'aurais pu un plus bel hommage, avec les yeux plus bleus d'André, les yeux plus soyeux d' Yvonne...
Je me souviens de l'agonie de ma grand-mère Yvonne. Nous étions tous auprès d'elle, j'avais emmené avec moi mon fils âgé de deux ans. Nous nous relayions à son chevet pour prier et lui dire adieu. Voilà pourquoi je suis particulièrement touchée aujourd'hui par cet article de la très digne Marie de Hennezel, voilà pourquoi je déteste l'idée de l'euthanasie.

// posted by tita67 @ 21.3.08

20.3.08

Norouz mobarak 1387 ! 

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La fête de Norouz est la plus ancienne des traditions iraniennes. Elle avait déjà sa place d’honneur dans le rite des Zoroastriens, il y a plus de 2500 ans. Cette fête marquait le début de l’année nouvelle qui débute avec l’équinoxe du printemps. Les rigueurs de l’hiver et les difficultés de l’existence disparaissent pour faire place au printemps, au renouveau saisonnier.

Quinze jours avant la nouvelle année, les femmes font le grand nettoyage, renouvellent des choses de la maison (Khaneh Takouni). Les maisons sont décorées. Les femmes confectionnent des vêtements neufs, préparent les pâtisseries et les graines qu'on fera germer en signe de renouveau.

Le dernier mercredi de l'année, c'est la grande fête du feu (Tchahar chanbé souri).
Ce jour-là, les gens ramassent des rameaux secs, des broussailles du désert ou du petit bois, en font sept fagots, les entassent dans la cour ou dans la rue et les enflamment au coucher du soleil. Ils sautent alors par-dessus le feu.
Une autre pratique courante à cette occasion et pendant les fêtes du Norouz consiste à brûler des semences de riz (isfand) ou de l'encens (kondor) contre le mauvais oeil et les mauvais esprits.

Le jour de Norouz, dans chaque demeure, le "sôfreh" (nappe) de "hafte sine" est installé. "Hafte sine" signifie sept choses dont le nom commence par "S". Depuis la plus haute Antiquité en Iran, sept est un chiffre sacré.

Voici, d'après la tradition, les sept objets commençant par la lettre S :

1. Sepand : graines d'une plante sauvage, de couleur brune, parfois légèrement rouge, bleue, verte, jaune et même gris clair. On constitue des dessins très décoratifs avec ces graines, qui, lorsqu'on les brûle, dégagent un parfum délicat.
2. Sabzeh : il s'agit de blé ou de lentilles qu'on a fait germer dans une assiette.
3. Samanou : c'est une sauce brune et concentrée faite à base de blé germé.
4. Sendjed : olive de Bohème, fruit de couleur orange.
5. Sib : la pomme.
6. Sir : l'ail
7. Serkeh : le vinaigre.

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En plus de ces sept S, on place sur la table des oeufs peints de différentes couleurs, un miroir, une petite coupe contenant de la farine et du riz, un bocal d'eau avec un poisson rouge, des chandeliers ou une lampe, des fruits, un flacon d'eau de roses et une coupe de bonbons. On pose également un Coran devant le miroir.
"Hafte sine" était le nom de sept anges de bon augure. Ils étaient annonciateurs de santé, félicité, prospérité, bonheur, splendeur, joie et beauté, souhaits que l'on retrouve peints sur des panneaux.

"Le "sôfreh" de "hafte sine" présente aussi sept choses dont le nom commence par "M", c'est "hafte mime" :

1. Mivé = fruits
2. Morgh = poulet
3. Mahi = poisson
4. Maste = yogourt
5. Mey = vin
6. Mousir = échalotes
7. Meygou = crevettes

A ces denrées, s'ajoutent des pâtisseries et sept branches noueuses d'arbres, olivier, saule ou grenadier, que l'on s'offrira les uns les autres en se souhaitant du bonheur pour la nouvelle année.
Assis autour du "sôfreh", les membres de la famille et les amis, tous portant des vêtements neufs, attendent joyeusement la "transition" du nouvel an ("Tahvil") en chantant des cantiques et des airs traditionnels et en récitant des sourates du Coran et des poèmes de Hâfez. A un moment donné, l'aïeul se lève, donne à chacun trois cuillérées de miel ou une pâtisserie, une pièce d'or ou d'argent, trois feuilles vertes et félicite, embrasse, souhaite à tous du bonheur pour l'année nouvelle." (Najmieh Batman). Tous s'embrassent et s'offrent mutuellement leurs voeux.

Le Nouvel An ne commence pas toujours à minuit. Il varie suivant l'équinoxe de printemps. Quelle que soit l'heure pour le premier repas de Nouvel An, on sert surtout du poisson et des nouilles qui sont gages de bonheur.
On prépare :
- du riz aux herbes : sabzi polo
- une omelette aux herbes : coucou sabzi
- du poisson salé et fumé : mahi doudi
- condiments de 7 herbes : torchi hafté bidjar
- du riz aux nouilles : rechté polo
- yogourt : maste
- crème au riz : fereni
- conserves de fruits : torchi mivé, - confitures : morabbâ

On boit du thé (tchaï) ou le dough.

Le début de l'année est ausi l'occasion d'aller chez les amis, voisins, familles et de les recevoir avec beaucoup de gâteaux, fruits et friandises (Dido Bazdid).

"Le treizième jour de "farvardine", les familles au grand complet, emportant les plats de germes verts, quitteront en procession les maisons pour un pique-nique dans un lieu verdoyant et aéré. Les germes seront jetés dans l'eau très loin des demeures pour en éloigner le mauvais sort. Ce jour joyeux qui se passe au milieu des danses et des chants se nomme "sizdeh-bedar". Il clôture les fêtes du "Norouz".

// posted by tita67 @ 20.3.08

8.3.08

Bonne chance les filles ! 

"Ce qui m'habite c'est ce que je fais."
Tracy Emin


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Jenny Holzer
Arno -1996


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Communiqué officiel des Guerilla Girls
New-York - 1985


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Rineke Dijksta
Julie, Den Haag - 1994


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Astrid Klein
O-T - 1997


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Shirin Neshat
Speechless - 1996

// posted by tita67 @ 8.3.08

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