12 mar
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Interview dans « Métro »
par Jean-Christophe Cambadélis
INTERVIEW – Alors que François Hollande, en baisse dans les sondages, tente de renouer sur le terrain le contact avec les Français, le socialiste Jean-Christophe Cambadélis répond à nos questions sur la communication du chef de l’Etat. Pour le député de Paris, c’est au Parti socialiste de relayer davantage la parole présidentielle.
François Hollande inaugure lundi et mardi à Dijon la formule des visites de deux jours en province. Y a-t-il urgence à davantage expliquer sa politique aux Français ?
Il y a urgence à leur dire que les efforts qu’ils ont déjà consentis sont une réussite, et qu’il faut maintenir le cap. Il faut leur expliquer que, même si ce qui relève de l’Europe avance moins bien, énormément de réformes dépendant de nous fonctionnent : la trajectoire de réduction des déficits est bonne, le soutien à la compétitivité est en place…
Pourquoi ce message ne passe-t-il pas selon vous ? Vous disiez lundi matin sur Canal + que « parfois, François Hollande parle trop »…
Il a tendance, parce qu’il est très proche des Français, à répondre à toutes les sollicitations et à tous les micros qui se tendent. Et à force de beaucoup vous exprimer, vous ne soulignez pas autant que faire se peut le message. Mais si François Hollande parle autant par petites touches, c’est parce que les socialistes parlent peu. C’est pour cela que je les appelle tous, et le parti en particulier, à mener campagne pour expliquer notre cap, celui du combat contre le chômage.
François Hollande doit faire une intervention télévisée avant la fin du mois. Vous estimez donc que cela ne sera pas suffisant pour lever les doutes…
C’est nécessaire, mais pas suffisant. Il faudra qu’ensuite les socialistes, les parlementaires passent le message. Il ne faut pas tout attendre du président de la République. Il ne peut pas à lui seul porter tout le discours. Aux socialistes de prendre leur part du fardeau.
Pourquoi, à votre sens, le parti ne l’a-t-il pas fait jusqu’à présent ?
Parce qu’il a été occupé par beaucoup de choses et qu’il n’a pas décidé de mener une campagne nationale d’explication. Les ateliers du changement que nous avons lancés se retournent en son contraire : si on les organise, c’est que le changement n’est pas là. Aujourd’hui, il vaudrait mieux avoir une communication, des meetings, des réunions sur notre lutte contre le chômage. C’est lui le responsable de l’impopularité présidentielle.
Le PS a-t-il un problème de leadership ?
Je ne crois pas qu’il y ait un problème de leadership. Il est toujours difficile d’être premier secrétaire d’un parti au pouvoir, d’autant plus quand on est confronté à une crise systémique et à un chômage massif. Mais ceci ne doit pas nous conduire à rester l’arme au pied.
Vous estimiez la semaine dernière que les ministres ont « un sérieux besoin de recadrage ». Vous n’avez pas dû être rassuré par l’épisode des propos louangeurs de Victorin Lurel sur Chavez…
Il faut que mes petits camarades comprennent qu’ils sont au gouvernement. Ils doivent mesurer leur parole et prendre conscience que tout ce qui est dit peut être retenu contre eux.
Seriez-vous favorable à un remaniement ?
Ce n’est pas le sujet. Nous sommes confrontés à un déficit d’explication, pas un déficit de conception : tous ceux qui critiquent la politique gouvernementale ne disent pas ce qu’il faudrait faire à la place. On peut toujours changer le gouvernement, mais ce n’est pas cela qui règlera nos problèmes d’un coup de baguette magique.
Vous n’hésitez pas à critiquer le gouvernement. Ne craignez-vous pas de passer pour un franc-tireur ?
Je ne suis pas de ceux qui se taisent mais n’en pensent pas moins. Je dis ce que je pense et je pense ce que je dis. C’est ma manière d’être honnête et sage en politique.
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