“Arianna qui?”
February 8, 2012
Depuis 6 heures ce mercredi 8 février 2012, personne – ou presque, ne pourra plus poser cette question. Entrevues. Photos. Entrevues encore. Discours. Signatures: la journée d’Arianna Huffington à Montréal pour le lancement du Huffington Post Québec n’est pas passée inaperçue…et continue de susciter de nombreuses questions et controverses, ici comme ailleurs.
Arianna Huffington a lancé la version québécoise de son site ce mercredi 8 février
La mise en ligne du site vers 6 heures a respecté le même protocole que la version française (de France) lancée il y a quelques semaines aux côté de l’ex-journaliste Anne Sinclair, à grand renfort médiatique. Rencontre de presse le matin avec l’équipe éditoriale et Arianna elle-même. Allocution formelle dans le cadre du Conseil des Relations Internationales de Montréal, ou l’on pouvait y croiser partenaires, collaborateurs et gens d’affaires. Rencontres privées avec quelques journalistes ensuite, entrevues télé, radio ou écrites. Et cocktail pour terminer sur une note plus festive.
Arianna Huffington annonce que le HuffPo commence petit au Québec, mais qu’il sera grand.
La mise en ligne le matin, au même moment que le site, d’un fil Twitter et d’une page Facebook, a atteint le millier d’abonnés dès les premières heures. La fondatrice du – communément appelé HuffPo a largement contribué à faire mousser la version québécoise sur son Twitter perso (mais comment fait-elle pour pianoter aussi vite sur son cellulaire?).
Souriante et détendue, elle répond à toutes les questions, parle de son amour pour Montréal, de l’effervessence créative que l’on y retrouve, du Superbowl, de Madonna et de l’implication d’entreprises québécoise dans cette aventure américaine. Arianna est une femme qui sait raconter des belles histoires. Elle annonce que le HuffPo commence petit au Québec, mais qu’il sera grand. Son discours est celui d’un entrepreneur qui sait s’entourer de talents jeunes (elle n’a pas hésité a nommer des talents de moins de 30 ans à la direction éditoriale de certains de ses sites), mais aussi celui d’une femme d’affaires qui fait désormais partie d’un réseau de géants (son site a été absorbé par AOL au pris de 315 millions de dollars, ndlr). Et elle prend le temps de remercier à plusieurs reprises l’équipe québécoise en place depuis quelques semaines déjà (Patrick White, Tammy Emma Pepin et Jean-Pillippe Cipriani).
Doit-on, ou ne doit-on pas collaborer gratuitement à un site web dont la vocation est de faire de l’argent?
Et puis Arianna parle surtout d’une chose. De ses blogueurs, qui sont au coeur même de son modèle d’affaires. Au Québec, plus d’une centaine ont été choisis pour alimenter une partie du site. Et déjà, plusieurs médias québécois ont emboité le pas et recruté les leurs (Voir ou Journal de Montréal, pour ne citer que ceux là). Certains les paient, d’autres non. Depuis quelques semaines, tout le milieu journalistique québécois se pose la même question: doit-on, ou ne doit-on pas collaborer gratuitement à un site web dont la vocation est de faire de l’argent?
De nombreuses personnes en ont déjà largement parlé avant moi (je vous conseille d’ailleurs vivement de lire le billet de Marie-Claude Ducas sur le sujet).
Lorsque l’on m’a proposé de collaborer au HuffPo, je n’ai même pas pensé à une quelconque rémunération. Pas plus que lorsque je vais à la radio ou à la télé parler d’un sujet, ou lorsque j’écris une lettre à un magazine, au risque d’être repris. Les blogues, à l’origine, ont été créés pour que tout le monde puisse y échanger des idées, et y avoir des conversations. Puis les journalistes s’y sont mis, leurs médias n’évoluant pas aussi vite que les plateformes d’échange disponibles gratuitement sur le web. Puis vinrent les questions: un blogueur est-il un journaliste? Un journaliste est-il un blogueur? Dans le cadre du Huffington Post, je pense que c’est clair: les blogueurs (que l’on ne devrait pas vraiment appeler des blogueurs, puisque la plateforme est gérée par la rédaction directement) sont plutôt des personnalités invitées.
Et si la monnaie d’échange n’était pas seulement financière?
Hommes politiques, cinéastes, comédiens ou gens d’affaires: ce sont tous des personnes qui souhaitent se faire entendre et faire parler, directement ou indirectement, de leur métier principal. Aucune commande, aucune contrainte, pas de ligne éditoriale pré-établie. Du commentaire seulement, modéré par les administrateurs du site. A ceux là s’ajoutent aussi des journalistes de métier, qui choisissent de contribuer sur une base volontaire, pour se faire connaître et faire entendre leur voix. Et c’est leur choix. Et si la monnaie d’échange n’était pas seulement financière? Et si, comme Arianna Huffington le soulève dans chacune de ses allocutions, chacun y trouvait son compte? Est-ce dommageable pour la profession de journaliste?
Si la question n’a probablement pas fini de faire parler, elle a au moins eu le mérite de créer un buzz autour du Huffington Post, et a fait en sorte que d’autres médias ont accéléré leur réactivité.
Parlez en en bien, parlez en en mal, mais parlez en!
À lire aussi sur le sujet: les billets de Nathalie Collard, Simon Jodoin, Pascal Henrard.
Filed under: Modèles d'affaires,Médias
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