Du 17 mai au 20 mai 2012 – A St-Cyr dans la Vienne (86)

Nous nous sommes peu à peu laissés déposséder de notre rapport à la nourriture par les avancées insidieuses de l’industrie agro-alimentaire qui, de boîtes de conserve en plats préparés, nous ont coupés de la réalité de l’alimentation pour son plus grand profit. Savoir faire la cuisine, produire ou conserver des aliments sont des compétences qui nous ont ainsi progressivement échappé, tout comme nous avons vu notre lien originel au sol et au territoire se déliter, notre rapport aux climats et aux saisons se modifier, et finalement notre santé s’altérer.

Pourtant en y regardant de plus près, ces dernières années ont été riches d’initiatives traduisant toutes une volonté farouche de reprendre le contrôle de ces éléments fondamentaux et même fondateurs de notre société; comme si, lassés des promesses non tenues, des citoyens avaient entrepris de devenir « le changement qu’ils souhaitent voir dans le monde », évoqué par Gandhi.

D’Amap en ateliers cuisine, de potagers collectifs en fermes pédagogiques, de restaurants en commerces… Au-delà d’une simple addition d’initiatives individuelles, toutes ces manières de produire, de transformer ou de consommer notre alimentation dessinent les contours de nouveaux territoires, esquissent un autre rapport à la santé et au travail, créateur d’emplois durables, qui préfigurent cette société moins précaire, moins jetable et moins financière que nous sommes nombreux et nombreuses à souhaiter.

Ainsi réfléchir au monde de demain passe et même commence par l’alimentation, dans son acception la plus large. Ceux qui ont cru que cette préoccupation n’était pas celles des jeunes n’ont pas senti l’herbe pousser, cette société de demain qui s’invente sans faire de bruit, lentement mais dans l’espoir d’aller loin.

Et si détricoter un monde de spéculation intensive pour bâtir une société plus équitable nécessitait de se mettre autour d’une table ?