Promouvoir et défendre le logiciel libre

10 September 2012

Frederic BEZIES

PureOS : 18 mois après sa version 3.0, quoi de neuf ?

Le 10 September 2012 à 13:59:55

Il y a 18 mois, je parlais de la version 3.0 de cette distribution basée sur Debian GNU/Linux testing. La version 6.0, propose toujours une base Debian GNU/Linux testing, qui entre temps a été gelée, avec un thème d’icones qui ressemble à celle de faenza (faut aimer), Chromium 21, et plein de petites bonnes choses, dont un noyau Linux très récent, le 3.5.3.

J’ai donc récupéré uniquement l’image 32 bits – quid des machines qui sont capables d’utiliser complètement le 64 bits sans passer par le cautère sur une jambe de bois qu’est PAE ? – de la distribution, et j’ai lancé le tout dans une machine VirtualBox.

Première chose, l’écran de démarrage n’est plus chronométré, ouf. Mauvais point : Gnome Shell ne sort pas de sa coquille avec VirtualBox.

L’installateur est le même que pour la version d’il y a 18 mois, donc rien à rajouter, mis à part qu’il faut toujours partitionner à la main.

Gros point noir : lors de l’installation, aucun compte utilisateur n’est créé, ce qui signifie que le compte auquel on accède au premier démarrage, c’est le compte invité alias guest, qui s’autoconnecte.

Sans oublier que le mauvais fuseau horaire est choisi par défaut, et qu’il faut trifouiller l’heure spacer

Après avoir installé les mises à jour liées aux mésaventures de Java et de ses failles 0-day, on peut passer à l’ajout d’un compte utilisateur normal. Et surtout, ne supprimez pas le compte guest, ça fait planter la distribution au moment du chargement du gestionnaire de connexion ! Ce qui m’a couté une deuxième installation…

Ma deuxième tentative fut le bonne pour faire une capture vidéo de la distribution en action. Le site officiel annonce : « PureOS est un liveCD GNU/Linux, il permet la découverte et l’utilisation d’un système d’exploitation GNU/Linux sans modifier le contenu du disque dur. »

Très bien. Mais comment découvrir une distribution GNU/Linux sans certains de ses logiciels phares comme LibreOffice (que j’ai du installé durant la vidéo), ou encore Gimp ? Mozilla Firefox, il sent mauvais des pieds ? Ah, mince c’est vrai, j’oubliais que Debian GNU/Linux propose sa version sous le nom d’IceWeasel.

<br frameborder="0" src="/img/spacer.gif">

L’idée est très généreuse, mais comme tout idéal, il est difficile de l’atteindre. Pour faire découvrir un environnement GNU/Linux fonctionnel, désolé, mais une Fedora Linux – même si en version LiveCD on déplore l’absence de LibreOffice – est plus adaptée. Ou même une Ubuntu avec son environnement maison. Et je n’ai aucune action, ni chez Canonical ni chez RedHat pour affirmer cela.

Ensuite, reste la quadrature du cercle : faire entrer le maximum de logiciels en un minimum de place.

Patrice ANDREANI

April, revue de presse, semaine 36.

Le 10 September 2012 à 13:51:56

Revue de presse pour la semaine 36 Retrouvez la revue de presse au format Web sur cette page: www.april.org/revue-de-presse-de-lapril-pour-la-semaine-36-de-lannee-2012 En podcast sur www.dogmazic.net/static.php?op=musiqueIndex.php&group=Revue+ de+presse+de+l'april, et aussi sur divergence-fm.org/-Divergence-numerique-.html Cette revue de presse sur Internet fait partie du travail de veille mené par l'April dans le cadre de son action de défense et de promotion du [...]

spacer Sébastien SERRE

Apprenez à utiliser Gnu/Linux, découvrez ProfTux

Le 10 September 2012 à 09:44:33

spacer

Bonjour,

Aujourd’hui je relaie l’information que je viens de recevoir de Patrice Andreani. Il se lance aujourd’hui dans une nouvelle aventure en tant qu’auto-entrepreneur, toujours pour mettre en valeur et partager sa passion pour les logiciels libres.

Le 10 septembre 2012 marque donc l’ouverture de proftux qui est une boutique en ligne de cours destiné aux débutant dans l’univers Gnu/Linux. Tous les cours et tutoriel disponible sont disponible sous licence GFDL et ont été écrit par Patrice. Comme il le dit lui même « Je m’adresse aux particuliers, débutant en informatique, qui souhaiteraient se former sur Gnu/Linux, de façon simple et peu couteuse. Le but n’est pas de devenir sys admin, ou de passer la certification LPI, mais d’être autonome et de pouvoir utiliser seul le système. »

Si vous aussi vous lancez une activité lié aux Logiciels Libre, n’hésitez pas à me contacter, je relayerais l’information sans soucis.

Bonne chance à ProfTux spacer

Pfff

Sur le même thème:

  1. Linux.com géré par la Linux Foundation.
  2. Nokia pourrait utiliser Linux
  3. Arch Linux 2009.2 est sortie

Patrice ANDREANI

Ouverture de Prof Tux.

Le 10 September 2012 à 01:37:41

J’ouvre aujourd’hui, en tant qu’auto-entrepreneur, ma boutique en ligne : prof-tux.fr J’y vends des cours et tutoriels sur Gnu/Linux et le libre, au format numérique. J’ai rédigé moi-même tous les cours, et ils sont sous licence libre. Je fais aussi du conseil, par mail. On peut aussi y acheter mes livres, en format numérique, ainsi [...]

08 September 2012

Marc MAURICE

Écouter les événements souris sous Linux en mode texte

Le 08 September 2012 à 21:59:00

Un petit script pour écouter les événements souris avec la commande mev utilisant gpm (General Purpose Mouse).

Utilisé sur mon Raspberry Pi pour lancer des commandes MPD (Music Player Daemon), pour utilisé la souris comme télécommande.

Je n’ai pas encore trouvé comment isolé les événements de la molette souris, pour pouvoir régler le volume. Quelqu’un a une idée ?

Sous Archlinux, vous pouvez ajouter la commande suivante dans /etc/rc.local pour le lancer au boot :

nohup /usr/local/bin/mpd_mouse.sh > /tmp/mpd_mouse.log 2>&1 &
#!/bin/sh
# This script listen to mouse events with the mev command using gpm.
# Can be used for example on the Raspberry Pi to run mpd commands, to use a mouse as a remote control.
# You can start it as a daemon with:
# nohup /usr/local/bin/mpd_mouse.sh > /tmp/mpd_mouse.log 2>&1 &

# start gpm if not already started
gpm -m /dev/input/mice -t imps2

# unset TERM variable, otherwise mev refuses to start when detecting xterm
unset TERM

echo "Listening to mouse events..."

# we use script to fake a tty for mev, otherwise it exits (note: mev logs errors in syslog)
script -qc "mev -E" /dev/null </dev/null | grep --line-buffered -v "mouse-movement" | while read LINE
do
        echo
        echo "$LINE"

        EVENT=$(echo "$LINE" | cut -d' ' -f1 | cut -d'(' -f2)

        if [ "$EVENT" = "down-mouse-1" ]
        then
                echo mpc stop
                mpc stop
        elif [ "$EVENT" = "down-mouse-2" ]
        then
                echo mpc toggle
                mpc toggle
        elif [ "$EVENT" = "down-mouse-3" ]
        then
                echo mpc next
                mpc next
        else
                echo "nothing"
        fi

done

ssh-agent: ssh-add automatique à la demande

Le 08 September 2012 à 21:40:00

Plusieurs environnements de bureau (Gnome, Kde) lancent automatiquement un agent SSH au démarrage. Cependant, il faut penser à lancer la commande ssh-add avant de se connecter à un serveur.

En attendant que OpenSSH support le ssh-add automatique, vous pouvez ajouter ceci à votre .bashrc :

ssh-add -l >/dev/null || alias ssh='ssh-add -l >/dev/null || ssh-add && unalias ssh; ssh'

L’alias est créé uniquement si l’identity n’est pas encore ajoutée, et l’alias s’autodétruit une fois lancé.

Une fois l’identité ajoutée, la commande SSH normale est utilisée.

superuser.com/questions/325662/how-to-make-ssh-agent-automatically-add-the-key-on-demand/471640#471640

Frederic BEZIES

Cinnamon 1.5.7 : un coup de poing dans la face de Gnome-Shell ?

Le 08 September 2012 à 19:42:03

J’ai fait compiler la version git de Cinnamon pour voir les progrès effectués depuis la version 1.5.2 dont j’avais parlé en juillet dernier.

J’ai donc fait créer les paquets suivants sur une archlinux systemd-isée, pré-équipée d’un gnome avec son Shell dont j’ai vérifié le fonctionnement.

  • muffin-git
  • gnome-menus2
  • cinnamon-git
  • nemo-git

Et c’est tout ! Autant dire que comparé au projet d’interface de Canonical, c’est le jour et la nuit côté nombres de paquets à construire spacer

A noté que je n’ai installé aucune extension, et que j’ai installé le fork de Nautilus pour avoir une expérience aussi proche que de l’idéal voulu par les codeurs de Cinnamon. Pour virer Nautilus, une fois nemo-git installé, j’ai fait un petit :


sudo pacman -Rdd nautilus

Et bien entendu, j’ai fait une petite vidéo. L’ensemble est vraiment rapide à l’utilisation, même si, technologie de Gnome-Shell oblige, le premier démarrage est un peu lent. Et j’ai droit à la souris folle, bug de VirtualBox 4.1.xx, ce qui fait activé un nombre important de fois le gestionnaire d’environnement virtuel.

Le seul bug étrange, c’est l’affichage des noms de fonds d’écran qui utilisent des idéogrammes chinois à première vue.

<br allowfullscreen="allowfullscreen" frameborder="0" src="/img/spacer.gif">

Autant dire qu’en voyant Cinnamon, et surtout Nemo, je me demande si mon prochain environnement sera Cinnamon avec Nemo ou Gnome-Shell 3.6. En arriver à se poser la question en dit long sur le degré de défiance que commence à produire Gnome envers ses utilisateurs. Et je suis un utilisateur de Gnome depuis sa version… 2.12 jadis fournie avec Ubuntu 6.06 LTS, ce qui ne fait que 6 ans et des bananes spacer

Bilan de mes prédictions pour 2012 : et au bout de 9 mois ?

Le 08 September 2012 à 17:46:29

Le mois de septembre est commencée depuis une grosse semaine, j’ai eu donc envie de voir où en était le bilan au trois quarts de la durée écoulée, depuis le billet de fin décembre 2011.

Concernant ubuntu 12.04.x LTS, j’écrivais :

C’est un peu le quite ou double. Car les utilisateurs restés sur la version 10.04 se verront proposer la migration. Et ces derniers seront-ils la copie conforme des personnes qui ont accueillis de manières variées l’interface nouvelle generation fabriquée par Canonical ?

Pour le moment, Canonical a gagné son pari, au point que des ports d’Unity sont en cours pour Fedora ou encore Archlinux.

Cinnamon ? Il continue son bonhomme de chemin, avec le fork de Nautilus, Némo. La version 1.5.7 est actuellement la dernière version de développement disponible, avec une version stable 1.6.0 dans les semaines qui viennent.

En ce qui concerne le duel Mandriva – Mageïa, le gagnant est clairement Mageia. Le projet a sorti récemment une première alpha de sa version 3, proposant Gnome Shell 3.5.91 et KDE 4.9 entre autre choses.

Mandriva en est encore à chercher le nom d’une fondation. Un cercueil ne serait pas plus approprié ?

La Pomme ? Après son procès contre Samsung dont elle a remporté le premier acte (c’est le genre de procédure qui se mesure en années), et avant la sortie du 7ième iPhone, que sera l’iPhone 5 (ben ouais, vous faîtes quoi du 3Gs et 4s ?), tout va pour le mieux pour elle. Il suffit de lire sa Pravda francophone pour le comprendre spacer

Et elle pourra verser un gros chèque de remerciement à Microsoft qui n’arrive pas à se dépétrer du futur fiasco MS-Windows 8, dont l’interface a été étrillé par PC Inpact.

En tout cas, je souhaite bien du courage aux personnes qui devront former les utilisateurs à l’interface de MS-Windows 8.

Coté navigateurs, selon Statcounter, la messe est dite pour Internet Explorer : Il n’a plus que 32,85% des parts de marché.

Deuxième ? Google Chrome : 33,59%
Troisième ? Mozilla Firefox : 22,85% !

Autant dire que la partie est bien perdue pour le panda roux, malgré son cycle de publication calqué sur celui de Google Chrome. 5 points perdus en un an, au profit presque exclusif de Google Chrome.

Enfin, le morceau de choix, la descente aux enfers de Facebook : vendue 38$, l’action se négocie à seulement… 18,98$… Soit 50% perdu en l’espace de 4 mois et demi, l’action étant coté depuis le 17 mai… Ca fait mal ?

Patrice ANDREANI

Contre les brevets logiciels.

Le 08 September 2012 à 01:18:21

L’April lance une campagne contre les brevets logiciels, où les entreprises peuvent montrer leur soutient en signant une déclaration demandant au Parlement Européen de modifier sa déclaration. Si cela vous intéresse, rendez-vous sur la page April de la déclaration.

Mageia 3 alpha 1.

Le 08 September 2012 à 01:13:51

En route pour Mageia 3, la première alpha vient d’être publiée. Il faut donc la télécharger et la tester. Pour en savoir plus sur les nouvelles fonctionnalités de cette version, rendez-vous sur la page des nouveautés.

07 September 2012

spacer Pierre-Yves DUBREUCQ

Debian 8.0 s’appellera Jessie

Le 07 September 2012 à 20:29:05

spacer

Voici une petite news que je n’avais pas vu passer pendant les vacances et que je voulais vous partager.
Le nom de code de la prochaine distribution Debian majeure (hors Weezy bien sur) sera Jessie.

L’honneur est donc aux femmes spacer
Pour rappel, Debian utilise des personnages du film d’animation Toy Story pour nommer ses distributions.

Pour connaître tous les personnages de Toy’s Story françisé :

pixar-planet.fr/perso/toystory.php3
Source :
lists.debian.org/debian-devel-announce/2012/07/msg00004.html

spacer

spacer Michel BRIAND

« Chanter sans autorisation » : introduction aux enjeux du libre

Le 07 September 2012 à 20:22:21

spacer This Machine Kills Fascists…

Quand, dans le Monde diplomatique il est question du numérique en général et du Libre en particulier il y a de bonnes chances pour que l'article soit signé Philippe Rivière (alias Fil) et ce depuis près de quatorze ans.

Il faut dire qu'être l'un des papas de SPIP lui donne une certaine expérience, pour ne pas dire une expérience certaine.

Il a publié en juillet dernier, dans le magazine culturel en ligne Rictus.info, un papier qui synthétise bien la situation et que nous aimerions plus encore faire connaître, d'où cette reproduction.

« Il faut inventer un autre modèle, et pour cela, personne ne sait encore s'il faudra casser l'ancien, ou s'il saura s'adapter. »

« Chanter sans autorisation » : introduction aux enjeux du libre

URL d'origine du document (Rictus.info)

Philippe Rivière - juillet 2012 - Licence Creative Commons By-Sa

À l'occasion des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, nous avons demandé à Philippe Rivière[1], de nous faire un petit tour d'horizon de la question du logiciel libre. Exposé des forces en présence et des enjeux.

Un peu de musique

Au début des années 1940, sur ses premiers disques, le compositeur américain Woody Guthrie avait fait inscrire la mention suivante sous le titre Copyright Warnings :

« Cette chanson est protégée aux États-Unis sous le sceau du copyright #154085 pour une période de 28 ans, et toute personne prise à la chanter sans autorisation sera mon meilleur ami, car je n'en ai rien à fiche. Publiez-la. Ecrivez-la. Chantez-la. Dansez dessus. Yodelez-la. Je l'ai écrite, c'est tout ce que je voulais faire. »

Aujourd'hui, chaque fois que vous insérez un film dans votre lecteur DVD, vous devez endurer une très longue présentation avec des écrans affreux du style :

« WARNING. La reproduction ou la redistribution non autorisée de cette œuvre copyrightée est illégale. Une violation criminelle de ce copyright, même sans gain monétaire, sera suivie d'une enquête du FBI et est punissable d'une peine d'emprisonnement allant jusqu'à cinq ans dans une prison fédérale, et d'une amende de 250 000 dollars »

Drôle de manière de vous remercier d'avoir acheté le DVD.

Dans l'informatique, c'est la même chose : les auteurs de logiciels ont deux possibilités pour s'adresser à leur public — c'est-à-dire les utilisateurs ; soit ils leur font signer une clause légale expliquant qu'il faut faire très attention à d'utiliser le logiciel comme il convient, si on veut avoir quelques chances de ne pas aller en prison. Soit ils leur disent : que toute personne prise à jouer avec ce logiciel comme elle l'entend sera mon meilleur ami !

Dans le premier cas, on parle de logiciel propriétaire (ou privateur), dans le second, de logiciel libre.

Logiciel capturé

Le logiciel n'est pas né en cage. Les premiers programmes étaient comme des formules de maths ou des recettes de cuisine : en dollars, ils ne valaient rien, puisqu'on les donnait avec la machine — qui, elle, coûtait très cher.

Comme l'écrit Lawrence Lessig, un juriste américain spécialisé dans le droit d'auteur :

« Vous ne pouviez pas faire tourner un programme écrit pour une machine Data General sur une machine IBM, donc Data General et IBM ne se préoccupaient pas de contrôler leur logiciel. »

Mais bien évidemment leur valeur était énorme, puisque sans programmes, l'ordinateur se limitait à allumer un C> clignotant sur un écran noir… Ce qu'un certain Bill Gates avait bien compris, c'est que le contrôle du logiciel permet de mettre la main sur l'ensemble du dispositif : IBM, la gigantesque firme américaine, ne l'avait pas compris. Elle voulait vendre des ordinateurs personnels, et se fichait bien de savoir ce qui fonctionnerait dessus : pressée d'arriver sur le marché, elle y a installé MS-DOS, un logiciel fourni par le jeune Bill Gates… on sait ce qu'il est advenu de ce choix : Microsoft, l'éditeur de MS-DOS, est rapidement devenu le plus gros éditeur de logiciels, et continue aujourd'hui à prélever une rente énorme sur l'ensemble des usages de l'informatique.

Free Software Foundation et licence GPL

De son côté, un certain Richard Stallman, chercheur au MIT, à Boston, s'était habitué, comme tous les informaticiens des années 1970, à bidouiller les programmes qui se trouvaient sur ses machines, pour les améliorer ou les adapter à la configuration de son matériel. Ça faisait partie de la normalité dans l'informatique, et encore plus dans le monde universitaire ; il aimait le sens de la communauté qui se développait autour de la programmation. Des échanges d'astuces, des concours pour être le premier à trouver une solution, etc.

Mais un jour, il s'aperçut que le code du logiciel pilote d'une imprimante n'était pas livré avec la machine, et qu'il ne pouvait donc pas le modifier — seulement le faire tourner, sans savoir ce qui était programmé exactement. S'il y avait un bug, il fallait contacter l'éditeur pour signaler le problème, et attendre une hypothétique nouvelle version… qui viendrait sans doute plus tard, et qu'il faudrait, en plus, à nouveau payer. On était au début des années 1980. Ce genre de choses commençait à se répandre, et Stallman comprit que les logiciels, qui étaient nés libres, ne le resteraient pas si personne ne les défendait. Il faudrait les protéger, sur le plan légal ; et les structurer d'une manière efficace. Il décida d'en faire son combat.

En 1984, Stallman démissionna du MIT (pour ne pas avoir de liens hiérarchiques qui pourraient lui coûter son indépendance), et fonda le projet GNU, puis la Free Software Foundation. D'un côté, un projet technique, consistant à fabriquer un système d'exploitation totalement libre — c'est-à-dire sans aucun composant propriétaire. De l'autre, une fondation dédiée à la protection du logiciel libre.

Il écrivit de nombreux logiciels (le plus connu est peut-être l'éditeur de texte Emacs). Et en parallèle, fit un travail juridique qui aboutit à la Licence publique générale GNU, la « GPL ». Elle est nettement moins « fun » que la licence de Woody Guthrie, mais elle garantit à tout utilisateur :

  • le droit d'utiliser le logiciel pour faire ce qu'il veut
  • le droit de lire le code source du logiciel, c'est-à-dire les éléments qui permettent de comprendre ce qu'il fait
  • le droit de modifier ce code source
  • le droit de redistribuer le logiciel ainsi que les versions modifiées.

Pour bénéficier de cela, l'utilisateur s'engage en échange à passer ces mêmes droits aux personnes à qui il le redistribue.

Bien sûr, tout le monde n'a pas forcément envie d'aller modifier le code… mais savoir que quelqu'un peut le faire, c'est avoir une certaine garantie.

Pour une entreprise, par exemple, c'est l'assurance que, si on n'est pas satisfait du prestataire à qui on a demandé de programmer quelque chose, ou s'il disparaît, on pourra légalement aller en voir un autre sans devoir repartir de zéro. C'est important.

Libertés pour l'utilisateur

Pour un particulier, on peut apprécier le fait que les logiciels libres sont souvent gratuits, ou en tous cas moins chers que les logiciels propriétaires. Cela dit, il ne faut pas confondre libre et gratuit ; « free » software, c'est « free » comme « freedom », pas comme « free beer ». Il y a des logiciels gratuits qui ne sont pas libres. Et, vice versa, pour développer un logiciel libre il faut quand même parfois que quelqu'un travaille…

Mais le plus important, pour l'utilisateur, n'est pas dans la gratuité : c'est que l'informatique touche de plus en plus aux libertés quotidiennes. Sur l'ensemble de la planète, à part quelques irréductibles hommes des cavernes, chacun porte en permanence sur soi un mouchard qui signale à tout instant où il se trouve précisément. Ce mouchard, cinq milliards d'humains en sont équipés. Il sert, parfois, à téléphoner…

L'informatique est aussi dans les voitures ; bientôt dans les frigos ; dans les habits, avec les puces RFID ; dans les passeports biométriques ; dans les cartes d'électeur – les machines à voter ! – ; il faut aller sur Internet pour voir les notes de collège de ses enfants ; on parle de numériser toutes les données de santé dans un « dossier médical personnel » accessible sur Internet (certains l'appellent dossier médical « partagé », car il est tout de même difficile à l'heure de WikiLeaks de prétendre qu'on saura empêcher le piratage…).

Discuter, s'informer, créer, partager, faire de la politique… tout ça est en train de s'informatiser, et si on ne contrôle pas collectivement les machines autour desquelles se construit de plus en plus la vie sociale, ce sont les machines qui nous contrôleront … ou plus exactement, ceux qui les programment.

Un seul exemple : vous avez entendu parler de Kindle, le livre électronique vendu par Amazon.com ; c'est génial, vous pouvez acheter et télécharger des dizaines de livres, et les lire sur un petit écran. Un jour donc, en juillet 2009, les commerciaux d'Amazon s'aperçoivent qu'ils ont fait une boulette dans leur offre : ils ont vendu électroniquement un livre pour lequel ils ne disposaient pas des droits de reproduction.

Ni une ni deux, que font-ils ? Ils attendent que les Kindle des clients se connectent, et leur envoient l'instruction d'effacer le livre. De quel livre s'agit-il ? « 1984 », de George Orwell, le livre qui décrit Big Brother et la police de la pensée !

Succès ou échec ?

Je ne vais pas énumérer les succès du logiciel libre : en 1990, un étudiant en informatique de l'université de Helsinki, Linus Torvalds, aimerait bien utiliser chez lui le programme sur lequel il travaille à l'université, un « noyau ». Il repart donc de zéro et crée son propre « noyau », qu'il place sans guère y accorder de réflexion sous la licence GPL. Ce sont les débuts d'Internet dans les facs, et rapidement ce noyau se développe ; comme Stallman avait développé de nombreux morceaux de code de GNU, mais pas encore de noyau, les deux projets cohabitent et donnent naissance à ce qu'on appelle maintenant GNU/Linux.

Les logiciels libres sont partout ; ils font tourner des ordinateurs personnels, et l'essentiel d'Internet. Ils sont dans les labos de recherche, les entreprises, etc.

Et il n'y a pas que la GPL. D'autres licences libres existent, qui permettent parfois plus de souplesse, moins de contrainte pour des utilisateurs qui modifient le code pour l'utiliser dans des projets fermés. Pour des textes ou des photos, on peut préférer des licences comme les Creative Commons. Pour des librairies (morceaux de code qui peuvent servir de fondation à des logiciels plus élaborés), on peut exiger que toute modification de la librairie soit libre, mais sans exigence sur les logiciels élaborés en question. D'autres font des licences plus proches de celle de Woody Guthrie (« je m'en fiche »), comme la licence MIT, ou encore la WTFPL (Do What The Fuck You Want To Public License / licence publique rien à branler).

A l'heure actuelle, les smartphones sont dominés par deux systèmes : Apple iOS et Google Android, qui sont basés sur des logiciels libres. Bien sûr chez Apple, les logiciels ne sont pas du tout libres ; mais ils sont construits sur une fondation totalement libre, NetBSD. Quant à Android, il est tellement bardé de brevets qu'il n'est pas non plus vraiment libre. Mais enfin, il contient beaucoup de logiciels libres.

En termes quantitatifs, on peut parler d'un succès : ce qui était perçu par les médias comme « marginal » est désormais au centre du tissu économique et du développement de l'informatique.

D'après une étude publiée en 2010[2] : Le secteur est estimé à 1,5 milliard d'euros en France, avec un taux de croissance moyen de 17 % (par an). Environ la moitié des directeurs informatiques interrogés lors de l'étude ont déclaré utiliser des logiciels libres et ce, quelle que soit la taille de l'entreprise.

La guerre contre le libre

Il y a la menace juridique : en ce moment, c'est la guerre des brevets. Google a racheté en août 2011 le fabricant de téléphones portables Motorola pour 12,5 milliards de dollars, dans le but de mettre la main sur 25 000 brevets ! Or on dépose actuellement des brevets sur tout et n'importe quoi, avec des effets très curieux. Des menaces de procès et des bras de fer judiciaires qui aboutissent à des accords entre les grandes sociétés qui possèdent ces portefeuilles de brevets.

Enfin, il y a la menace plus directe de la prise de contrôle de l'ordinateur. Au nom bien entendu de votre sécurité. Par exemple, ce qu'on appelle « l'informatique de confiance », un terme censé nous rassurer, est une stratégie qui interdit à tout logiciel qui n'est pas reconnu et « signé » par une société comme Microsoft, ou Apple, de s'exécuter sur votre machine.

Ou encore, au nom de la protection des droits d'auteurs, la loi HADOPI qui nous impose l'obligation de « sécuriser notre réseau ». Alors que même l'armée américaine n'est pas capable d'empêcher des documents de « fuiter » !

Les iPhone sont eux-mêmes totalement verrouillés et il faut passer exclusivement par le magasin en ligne d'Apple pour modifier le logiciel (même si techniquement il reste possible de « jailbreaker », ce n'est pas autorisé par le constructeur).

Et je passe sur les projets qui se multiplient au nom de la lutte contre le piratage, contre la criminalité ou contre le terrorisme (SOPA, ACTA, HADOPI, LOPPSI, DMCA, etc), sans parler de la surveillance des communications qui se pratique plus ou moins illégalement et de façon massive[3]. Aux États-Unis, l'association des producteurs de musique, la MPAA, demande que ce qui marche en Chine (la « grande muraille électronique » qui permet au pouvoir de surveiller les internautes) soit appliqué à l'ensemble de l'Internet !

Pour la FSF : « Le logiciel libre permet d'avoir le contrôle de la technologie que nous utilisons dans nos maisons, nos écoles, nos entreprises, là où les ordinateurs travaillent à notre service et au service du bien commun, et non pour des entreprises de logiciels propriétaires ou des gouvernements qui pourraient essayer de restreindre nos libertés et de nous surveiller. »

Pour le romancier Cory Doctorow (et excellent blogueur), les États et les entreprises se préparent à une « guerre à venir sur la computation à but général », et « l'ordinateur dont le contrôle complet est accessible à l'utilisateur est perçu comme une menace pour l'ordre établi ».

Biens communs

Et puis il y a la propagande.

Aujourd'hui, les manifestants d'Occupy Wall Street, qui contestent le système capitaliste, sont traités de « terroristes ». Ce qui pourrait permettre à la police de les pister, de placer des mouchards dans leur ordinateur, etc.

Déjà Bill Gates en 2005 voyait des rouges partout :

« Il y a certains communistes d'un genre nouveau, cachés sous différents masques, qui veulent se débarrasser des mesures incitatives dont bénéficient les musiciens, les cinéastes et les créateurs de logiciels. »

J'avoue que je ne suis pas totalement choqué par cette critique. Elle est maligne, car parmi les auteurs de logiciels libres il y a beaucoup de gens qui ne sont pas particulièrement de gauche, et même des « ultra-capitalistes » comme se définit par exemple le leader du Parti pirate suédois, Rickard Falkvinge. Mais en effet, quand on crée du logiciel libre, quand on défend le partage de la culture sur Internet, quand on construit des sites sur le Web, on produit, collectivement, un bien public. Qui appartient à tout le monde, et où chacun va pouvoir venir puiser à sa guise, et utiliser ce que vous avez fait pour faire avancer ses propres projets. Le savoir, la culture sont cumulatifs, nous sommes « des nains sur des épaules de géants »[4].

Au-delà du logiciel libre, il faut réfléchir à l'ensemble des biens communs informationnels : la science, la culture, l'amusement, le logiciel dans tous les domaines… Internet permet de les diffuser, mais comment mobiliser des ressources pour les produire, et comment les défendre ? Certainement pas en les enfermant derrière des murs de paiement, des systèmes de DRM provoquant l'autodestruction des fichiers… Il faut inventer un autre modèle, et pour cela, personne ne sait encore s'il faudra casser l'ancien, ou s'il saura s'adapter.

Crédit photo : Woody Guthrie NYWTS (Wikimedia Commons)

Notes

[1] Co-auteur de SPIP (le logiciel qui sert à publier ce site, mais aussi des milliers d'autres) et journaliste au Monde diplomatique

[2] Étude sur l'impact socio-économique du libre citée dans la presse

[3] Cf. l'article d'Antoine Champagne dans Le Monde diplomatique de janvier 2012

[4] Bernard de Chartres, XIIe siècle

Voir en ligne : www.framablog.org/index.php/...

Un manuel de français libre et gratuit pour iPad - Invitation au débat

Le 07 September 2012 à 20:21:59

Voici un projet pour le moins original, un ovni même dans le paysage éducatif français.

Il s'agit d'un manuel de français, niveau quatrième, sous licence Creative Commons, entièrement rédigé par un seul homme, Yann Houry.

C'est tout d'abord une initiative à saluer et encourager comme il se doit. On peut aujou

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