Les mois de novembre qui ont segmenté le destin palestinien

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dans Conflits / par Chitour / dans 25 novembre 2012 à 16 h 00 min /

p align= »JUSTIFY »>« Celui qui m’a transformé en réfugié m’a transformé en bombe »
Mahmoud Darwich ( Immense poète palestinien)

spacer Une fois de plus, les enfants de Gaza vont être terrorisés par les drones prédateurs, les avions F 17 Phantom et les hélicoptères Apaches.. Leur tort c’est d’être sans défense devant une communauté internationale tétanisée par l’Empire qui ne veut rien entendre ou faire entendre. Au-delà de la religion et de l’ethnie, ce sont des hommes et des femmes qui meurent, ce sont des enfants qui vivent dans la hantise de mourir. Certes, des enfants israéliens sont aussi stressés par les roquettes et, sans faire dans la concurrence victimaire, il n’ y a pas de commune mesure. Souvenons-nous de décembre 2008 à Gaza: 1 300 morts Gazaouis dont 400 enfants: et 13 soldats israéliens. Novembre 2012 :7 jours de massacre, 169 morts dont 5 israéliens… le compte est bon 1à 100 et 1 à 33 ! Les Gazouis ont de la chance

Qui sont ces Palestiniens qui refusent de disparaître?

Les Palestiniens sont 10 millions et connaissent une importante diaspora. Plus de 4 millions d’entre eux ont le statut de réfugiés, suite à l’exode palestinien de 1948 et à la guerre des Six Jours. 2,6 millions vivent en Jordanie, 1,2 million en Israël, 500.000 sur le continent américain, tandis que le reste est réparti dans le Monde arabe. Seuls 3,7 millions vivent dans les «territoires palestiniens» (Bande de Gaza, Cisjordanie et Jérusalem-Est). Le Conseil national palestinien a proclamé l’indépendance d’un État de Palestine le 15 novembre 1988 à Alger, mais n’est pas reconnu par l’ONU (bien que la déclaration soit, elle, «prise en compte» par la résolution 43/177 de l’Assemblée générale des Nations unies, votée le 15 décembre 1988. Le 7 juillet 1993, les accords dits d’Oslo sont signés et établissent un accord de principe entre Israël et les Palestiniens représentés par l’OLP. Ils arrêtent le principe d’une future autonomie palestinienne à Jéricho et à Gaza. Le 13 septembre 1993, en présence du président Bill Clinton, Yasser Arafat et Yitzhak Rabin signent une déclaration élaborée à Oslo qui aboutit à la reconnaissance mutuelle de l’OLP et d’Israël Depuis, plus rien…


Depuis le lancement mercredi 15 novembre de l’opération militaire israélienne «Pilier de défense», Plus de cent Palestiniens et trois Israéliens – ont péri et près de 1000 blessés. Outre le siège du gouvernement du Hamas, les raids ont visé le quartier général de la police à Gaza, l’Université islamique et le stade «Palestine»,. Les raids israéliens se poursuivaient par intermittences samedi soir. Une porte-parole militaire israélienne a fait état de «plus de 830 frappes» contre Gaza depuis mercredi. Dans le même temps, au moins 610 roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza contre Israël, dont 230 ont été interceptées par le système antimissile «Iron Dome». Aux dernières nouvelles, le Conseil de sécurité à décidé de ne rien décider..

La genèse de cette énième confrontation

C’est de notre point de vue, que de rechercher les débuts tant la réponse parait évidente. Tout a commencé quand Dieu a promis il y a trente siècles une terre aux enfants d’Israël. Les vicissitudes de l’histoire ont fait que les juifs ont erré depuis et il a fallu attendre novembre 1917, il y a tout juste 95 ans pour que Lord Balfour promette à son tour une Terre où étaient installés des Cananéens; certains sont restés juifs, d’autres sont devenus chrétiens, d’autres sont par la suite devenus musulmans. Ce sont les Palestiniens.

Pour l’Histoire, avec la création de l’Etat d’Israël, l’idéologie sioniste ne pouvait pas faire de place aux autres autochtones et a donné la préférence aux allogènes de confession juives venant du monde entier. Ce fut le début d’une Nekba qui n’en finit pas. Il est donc, devant la situation de désastre actuel de Gaza, malvenu de dire que ce sont les Gazaouis asphyxiés dans une prison à ciel ouvert qui ont commencé. Pour Patrick Higgins, la réponse à la question de savoir si Israël a le droit d’exister est aussi facile que la réponse à la question de savoir si un colonialisme d’implantation meurtrier a le droit d’exister. Depuis plusieurs jours, Israël lance des attaques aériennes sur Gaza, provoquant de nombreux morts et blessés. Les attaques font partie d’un tableau plus large et éminemment déprimant d’une colonie usurpatrice qui enferme une population entre les murs d’un ghetto et les bombarde au nom du judaïsme et des Juifs. Un article du New York Times, du 14 novembre, nous informe sur la mort du commandant militaire du Hamas, Ahmed Jabari, tué par une des récentes frappes «chirurgicales» . Bien entendu, l’article prend soin de ne pas mentionner les autres – dont des enfants – tués lors de la frappe. (…)» (1)


«Alors se pose la question: qui a commencé? Lorsqu’on lit le texte ci-dessus, on a l’impression que le «commencement» de «tout ça» est un phénomène récent et que la réponse se trouve dans les événements récents de la semaine écoulée. (..) A la fin de son mandat, George W. Bush a justifié l’opération «Plomb endurci» – le massacre par Israël d’environ 1400 Palestiniens – en disant que c’est le Hamas qui avait commencé en violant le cessez-le-feu avec des tirs de roquettes. D’abord, c’est faux. Israël a violé le cessez-le-feu le 4 novembre 2008, lorsqu’il a envahi la bande de Gaza et tué six membres du Hamas. Le raid fut mentionné à l’époque par le quotidien The Guardian. Les défenseurs d’Israël vantent souvent comment Israël s’est «retiré» de Gaza, comme si la transformation de Gaza d’un territoire formellement occupé en une prison à ciel ouvert constituait un geste de paix de la part d’Israël. Mais posons une question plus profonde: qui a commencé? La réponse est facile, mais la question doit être posée avec plus de précision: qui a commencé le colonialisme d’implantation meurtrier? C’est Israël, bien sûr. La question du colonialisme d’implantation est importante. (..) Le blocus contre Gaza est une des formes d’expression de la violence du colonialisme d’implantation. » (1)

La visite de l’Emir du Qatar la semaine dernière à Gaza est tout sauf innocente. Elle a pu servir de détonateur. Le Hamas aurait été mis devant l’alternative de dénoncer son accord avec l’Iran, de reconnaitre Israël et sa capitale Jérusalem en échange d’une aide conséquente. Cela ne s’est pas fait, le chef militaire Al Jabari a alors été éliminé. Parallèlement, la Jordanie est en train d’être étouffée: plus de fourniture de gaz et de pétrole. Les Frères musulmans jordaniens, aidés par l’Occident et Qatar, veulent pousser le roi à déclarer la guerre à la Syrie. En échange, on lui fait miroiter la possibilité au retour d’une confédération jordano-palestinienne, ce qui va enterrer définitivement la cause d’une patrie pour les Palestiniens.

Les résolutions des Nations unies ignorées par Israël

Citons sans être exhaustif toutes les résolutions votées par le Conseil de sécurité et l’Assemblée des Nations unies. Aucune de ces résolutions n’a été appliquée. Il a fallu d’une seule résolution arrachée par la France, la 1703, pour que quelques mois après El Gueddafi soit lynché et que le chaos s’installe durablement en Libye loin des puits de pétrole qui eux se portent bien… 29 novembre 1947: l’Assemblée générale de l’ONU adopte à la majorité des deux tiers la résolution 181 qui partage la Palestine en un État juif et un État arabe et place Jérusalem et les Lieux Saints «sous régime international». Exil des Arabes de Palestine. Printemps 1948, 70 à 80% des… Résolution 181 de l’Assemblée générale de l’ONU (29 novembre 1947): plan de partage de la Palestine. Résolution 194 de l’Assemblée générale de l’ONU (11 décembre 1948): droit inaliénable au retour des Palestiniens. Résolution 237 du Conseil de sécurité de l’ONU (14 juin 1967): retour des réfugiés palestiniens. Résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU (22 novembre 1967): illégalité de l’occupation des territoires envahis lors de la guerre de 1967.

Après la guerre d’autres résolutions furent prises et là aussi sans effet, citons : Les Résolution 2649 de l’Assemblée générale de l’ONU (30 novembre 1970): légitimité de la lutte des peuples assujettis pour recouvrer leurs droits par tous les moyens. Résolution 3236 de l’Assemblée générale de l’ONU (22 novembre 1974): droits inaliénables du peuple palestinien. Résolution 3379 de l’Assemblée générale de l’ONU (10 novembre 1975): qualification du sionisme. Résolution 3240/B de l’Assemblée générale de l’ONU (2 décembre 1977): journée de solidarité avec le peuple palestinien. Résolution 446 du Conseil de sécurité de l’ONU (22 mars 1979): illégalité des colonies de peuplement dans les Territoires occupés. Résolution 478 du Conseil de sécurité de l’ONU (20 août 1980): illégalité de l’annexion de Jérusalem. Résolution 46/86 de l’Assemblée générale de l’ONU (16 décembre 1991): retrait de la qualification du sionisme. Résolution 1397 du Conseil de sécurité (13 mars 2002): appel à la création d’un État palestinien. Résolution ES-10/15 de l’Assemblée générale de l’ONU (20 juillet 2004): illégalité du Mur construit dans les Territoires occupés. Cependant trois résolutions méritent d’être rapportées elle ont structuré à un espace temps de 50 ans le destin de la Palestine

La Déclaration de Balfour du 2 novembre 1917

Les racines de ce conflit plongent leur histoire dans deux récits: le récit biblique avec la terre promise il y a 3000 ans par Dieu aux « Banou Israël », « Les enfants d’Israël » et le récit politique d’un certain Balfour, lord de son état et, accessoirement ministre de sa Gracieuse Majesté, un certain 2 novembre 1917. Tout commence donc, pour la période «récente» avec la Déclaration de Balfour pour service rendu à la couronne par le chimiste Chaim Weizmann, né en Russie en 1904, il s’installe en Grande-Bretagne et devient sujet de la couronne. Il s’investit dans l’effort de guerre britannique durant la Première Guerre mondiale. En 1916, il met au point un procédé de fabrication de l’acétone, pour la fabrication d’explosifs TNT pour les Alliés. La déclaration est la suivante: «Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les juifs jouissent dans tout autre pays.» On le voit, les Palestiniens qui sont autochtones ne sont que des collectivités non juives, sous-entendus des minorités. C’est la première pierre du calvaire palestinien qui dure depuis 95 ans.


La résolution 242 du 22 novembre 1967 du Conseil de sécurité des Nations Unies

La résolution 242 est une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui a été votée le 22 novembre 1967 suite à la guerre des Six Jours. L’ONU se réfère régulièrement à ce texte dans d’autres résolutions adoptées sur la question israélo-palestinienne. À l’issue de la première guerre israélo-arabe, aucun accord de paix n’a été signé entre Israël et les pays arabes voisins et le problème des réfugiés palestiniens reste sans solution. Pour rappel, le 5 juin 1967, Israël lance une attaque surprise contre l’Égypte puis attaque la Jordanie et la Syrie. En six jours, elle prend le contrôle du Sinaï de la bande de Gaza, de la Cisjordanie dont Jérusalem-Est et du plateau du Golan. Israël entame une politique d’annexion et d’expulsions à Jérusalem, en Cisjordanie et au Golan, et recherche une solution globale «sur la base de la reconnaissance des faits accomplis depuis 1948».(2)

Déjà les médias occidentaux mirent en oeuvre avec une rare partialité leur soutien à Israël en présentant cette guerre de six petits jours en hébreu la guerre des Six-Jours (en hébreu: Milkhemet Sheshet HaYamim) que l´on peut traduire par «l´épopée des six jours» en arabe (Melhamet Sitet Ayam) ce qui explique la parenté araméenne des deux langues , est qualifiée de guerre des «Six Jours» pour bien montrer la supériorité écrasante d’Israël face à tous les pays arabes réunis. Les médias occidentaux -et notamment français- prennent alors fait et cause pour Israël face aux Arabes. Cette thèse de l’agression arabe n´est plus guère défendue. Menahem Begin l´admit en 1982 «Nasser n’a pas choisi d´attaquer Israël, Israël a choisi d´attaquer Nasser». Pour le général israélien Matityahou Peled: «La thèse selon laquelle le génocide était suspendu sur nos têtes en juin 1967, et qu´Israël combattait pour son existence physique, n´était qu´un bluff.» (3)

C’est le combat juste du petit David provoqué par le grand Goliath encore un récit mythique qui justifiera par la suite chaque guerre d’Israël (Raisins de la colère, Plomb durci, le dernier en date Colonne de nuée, traduit par Pilier de défense). Les Arabes humiliés, resserrent les rangs lors du IVe Sommet de la Ligue arabe, c’est le «triple refus de Khartoum» les «trois non»: 1. Pas de paix avec Israël, 2. Pas de reconnaissance d’Israël: 3. Pas de négociation avec Israël. Ces mêmes chefs d’Etat qui, pour la plupart, font actuellement assaut d’allégeance pour ne pas déplaire à Israël.

La résolution 242 du Conseil de sécurité est adoptée le 22 novembre 1967 à la majorité absolue des 15 membres «Le Conseil de sécurité, (…) Soulignant l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la guerre et la nécessité d’œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque État de la région de vivre en sécurité, soulignant en outre que tous les États membres, en acceptant la Charte des Nations unies, ont contracté l’engagement d’agir conformément à l’Article 2 de la Charte : Affirme que l’accomplissement des principes de la Charte exige l’instauration d’une paix juste et durable au Proche-Orient qui devrait comprendre l’application des deux principes suivants: a. Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit; b. Fin de toute revendication ou de tout état de belligérance, respect et reconnaissance de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque État de la région et de son droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, à l’abri de menaces ou d’actes de violence. (2)


Une autre lecture due à la version anglaise provient de l’ambiguïté née d’une subtile différence entre les textes anglais et autres (français, espagnol, arabe, chinois) qui parlent de retrait «des» territoires occupés en français et ««
withdrawal of Israel armed forces from territories occupied in the recent conflict»; («de» territoires occupés). Les gouvernements israéliens veulent seulement prendre en compte cette dernière version parce que dans une acception limitative, elle leur permettrait éventuellement de conserver certains territoires occupés. Le Conseil de sécurité n’a depuis pas pris de résolution «interprétative» qui aurait levé l’ambiguïté entre les versions linguistiques. Par exemple, la résolution 476 du 30 juin 1980 indique dans sa version française que le Conseil de sécurité «[r]éaffirme la nécessité impérieuse de mettre fin à l’occupation prolongée des territoires arabes occupés par Israël depuis 1967, y compris Jérusalem» avec la locution «of Arab territories».

Les nouveaux massacres et la trêve de Gaza du 21 novembre 2012

Une nouvelle fois les armes se sont tues. Enfin! Cependant, cette paix armée est provisoire dans l’attente du prochain conflit. Pour arriver à cette trêve sans revenir longuement sur la genèse de l’affaire, tout a commencé le 14 novembre avec l’assassinat par un drone de Ahmed Jabari, chef de la sécurité du Hamas pourtant garant depuis 5 ans de la trêve Hamas-Israël. Le 17 novembre, selon le quotidien Haaretz, le ministre de l’Intérieur israélien Eli Yishai déclarait à propos de Gaza: «The goal of the operation is to send Gaza back to the Middle Ages. Only then will Israel be calm for forty years.» («Le but de cette opération est de renvoyer Gaza au Moyen Âge. Alors seulement, nous serons tranquilles pour quarante ans.»).

Nous ne sommes pas étonnés outre mesure si l’on apprend que même certains intellectuels israéliens deviennent des Terminator des faibles! Ainsi pour l’écrivain israélien A. B. Yehoshua, connu pour ses prises de position en faveur de «la paix»: «Le temps est venu pour Israël d’admettre que Gaza est un ennemi. Et d’agir en conséquence: cesser de fournir de l’électricité et de faire passer de la nourriture. Déclarer officiellement que nous sommes en état de guerre et agir en conséquence. Je pense que la paix ne peut pas se faire avec Gaza. Avec le gouvernement de l’Autorité palestinienne, il y a moyen de discuter: nous pouvons négocier le gel des implantations et le retour aux frontières de 1967. Mais Gaza ne relève pas de l’autorité du gouvernement palestinien, Gaza c’est une autre histoire.» (4)

On le voit, même les «colombes» israéliennes préfèrent des dirigeants sans épaisseur qui n’arrêtent pas de supplier en vain. Il a fallu 5 morts Israéliens dont 3 civils, 165 morts Palestiniens dont beaucoup d’enfants, des centaines de blessés et des traumatisés à vie, pour qu’Israël accepte d’arrêter le massacre.

Pourtant, d’autres personnalités lucides et même des hommes de religion juifs israéliens ont tenu à rappeler les termes originels de cette confrontation. «Soyons clairs, écrit le rabbin Brant Rosen, cette tragédie n’a pas commencé avec les Qassams. Elle n’a pas commencé avec l’élection du Hamas. Et elle n’a pas commencé avec «l’instabilité» qui a suivi le retrait israélien de Gaza. (…) Non, tout cela n’est que le dernier chapitre d’une saga beaucoup plus longue qui a commencé en 1947-48 quand des dizaines de Palestiniens ont fait l’objet d’un nettoyage ethnique qui les a chassés de leurs villes et de leurs villages des plaines côtières et de basse Galilée pour les parquer dans une minuscule bande de terre au bord de la Méditerranée. La majorité d’entre eux était clairement en trop grand état de choc pour réaliser ce qui était en train de leur arriver. Certains ont essayé de rentrer chez eux et ont été tués sans sommation. D’autres ont résisté en faisant des raids à l’intérieur de l’Etat nouvellement déclaré d’Israël. Parfois, ils ont réussi, mais le plus souvent ils ont échoué. De toute façon, Israël a décidé très tôt qu’il répondrait à chacune de ces attaques de représailles par une démonstration écrasante de force. Et ces attaques de représailles et ces démonstrations écrasantes de force militaire se sont poursuivies jusqu’à aujourd’hui.» (5)

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a annoncé mercredi 21 novembre qu’une trêve avait été conclue entre Israël et le Hamas palestinien. Le cessez-le-feu est entré en vigueur à Gaza le 21 novembre à 20 heures. Les principaux points du texte sont: Israël doit mettre fin à toute offensive territoriale, maritime ou aérienne contre la bande de Gaza, y compris les incursions territoriales et la liquidation d’individus. Toutes les factions palestiniennes doivent mettre fin à toutes les attaques lancées de la bande de Gaza contre Israël, y compris les tirs de roquettes et toutes les attaques le long de la frontière. La trêve prévoit l’ouverture des points de passage, la facilitation du mouvement des individus et du transport de marchandises et la fin des restrictions de mouvement des habitants et des liquidations d’habitants dans les zones frontalières.

Notons que le même jour, mardi dernier, en vertu de la politique bien connu du fait accompli, le ministre de l’Intérieur israélien avait annoncé la construction de 1100 logements dans le quartier de colonisation juive de Gilo, à Jérusalem-Est occupée. Il fallait sans douter secouer l’inertie dont font montre les Européens face à l’arrogance d’Israël qui, dans le même temps, où Israël réclame des Palestiniens de reprendre les négociations, elle poursuit assidûment la construction des logements à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupées

Y aura-t-il un jour deux Etats côte à côte?

Cette perspective s’éloigne de plus en plus à croire Harriett Sherwood qui cite l’exemple de la colonie Ariel en plein Cisjordanie. Nous l’écoutons: «(…) A dix-huit kilomètres de la ligne de démarcation- «la ligne verte internationale – qui sépare Israël des territoires palestiniens, un projet de construction de bâtiments devant abriter de 13.000 à 20.000 étudiants dans les dix prochaines années est en cours de réalisation. (…) La politique du «fait accompli» a conduit un certain nombre de gens des deux côtés du conflit à considérer que la création d’un Etat palestinien aux côtés d’un Etat israélien pour résoudre le conflit était maintenant devenue impossible. La solution de deux Etats est morte, disent-ils. (…) En juin, le Bureau central des statistiques israélien indiquait que le nombre de colons juifs en Cisjordanie avait augmenté de 15.000 au cours des douze derniers mois pour atteindre un chiffre record de 350.000 dont la majorité se trouvait sur de petites colonies d’inconditionnels au coeur de la Cisjordanie et 200.000 vivent, par ailleurs, à Jérusalem-Est. (…) Face à «cette réalité sur le terrain» certains proposent des alternatives: pour la droite israélienne, annexer la Cisjordanie. La population palestinienne devra alors accepter de vivre sous le joug israélien avec peu de droits ou partir. Les critiques comparent cette situation à celle de l’apartheid qui fera d’Israël un paria.(…)». (5)


Ce que veut Israël

Justement, quelle type de relation veulent les Israéliens avec les Palestiniens? Les résultats d’un sondage publiés par le Haaretz sous la plume de Gideon Levy sont assez éclairants. Une majorité relative des personnes interrogées (39%) considère qu’une forme d’apartheid de fait existe déjà en Israël, sans que l’on sache, compte tenu de l’intitulé évasif, à quel Israël la question renvoie. Cette majorité devient même absolue (58%) si on ajoute ceux qui estiment que cette forme d’apartheid est généralisée. Une majorité relative (47% contre 40 qui sont d’un avis opposé) accueille favorablement l’idée de «transfert» d’Arabes israéliens dans les territoires administrés par l’Autorité palestinienne et une majorité absolue (69% s’oppose à un droit de vote pour les Palestiniens dans ce qui serait un Etat unique (Israël Cisjordanie). (6) 

La judaïsation rampante est une réalité. Les villages bédouins de Oum al-Hiran et Al-Arakib situés dans la région du Negev-Naqab israélien seront bientôt rayés de la carte pour rejoindre les 500 autres villages et villes qui ont subi le même sort en 1947.

C’est donc avant tout le fait accompli, un statut quo où Gaza restera une prison à ciel ouvert à la merci d’Israêl   Le gouvernement israélien souhaite donc obtenir  avec la complicité des Etats Unis et des Etats européens vassaux, des garanties pour prévenir un réarmement. Il avait déjà exprimé les mêmes demandes en 2009  quand Hosni Moubarak était  alors aux commandes en Egypte . L’Egypte même après Moubarek est toujours  un allié indirect d’Israêl. Il faut voir l’agitation frénétique des frères musulmans sur instruction des Etats Unis à tenter d’obtenir un cessez le feu en sacrifiant la cause palestinienne.

Pour rappel  en 2009 la France  s’était engagée  avec  les Américains à asphyxier les Gazaouis pour empêcher la contrebande d’armes en direction de Gaza. Le point 6 de la résolution 1860 des Nations unies adoptée le 8 janvier 2009, dix jours avant la fin des combats visait à empêcher les Gazaouis de se procurer des armes pour sa battre. . Mieux encore la France  avait prêté main forme à Moubarek pour construire un mur de fer en profondeur pour arrêter la contrebande par les souterrains. Qu’en est il advenu ?

La stratégie du rouleau compresseur inexorable

  En sont temps au moment des négociations de 2010, Pascal Boniface, directeur de l’Institut français des relations internationales, nous met en garde contre cette ambiance factice et analyse le déséquilibre des deux négociateurs. Nous l’écoutons: «Un optimisme convenu est affiché par tous les protagonistes des négociations directes israélo-palestiniennes qui viennent de reprendre. (…) «Mais les rappels historiques sont un cimetière des espoirs déçus, très nombreux en ce qui concerne les espoirs de paix au Proche-Orient. Dans la période récente rappelons juste que George W.Bush parlait de sa vision d’un Etat palestinien d’ici un an en 2005. Au-delà de ces rappels, un certain nombre de considérations vient d’ores et déjà fournir des éléments d’inquiétude sur la suite des événements ». (7)

  « Il y a tout d’abord la volonté de certains groupes armés palestiniens de faire dérailler le processus avant même sa reprise. Les négociations n’étaient pas encore ouvertes qu’une attaque armée terroriste venait tuer quatre colons israéliens en Cisjordanie. (…) Il n’est pas certain que le gouvernement israélien actuel reprenne à son compte la formule d’Itzhak Rabin qui affirmait vouloir continuer le processus de paix comme s’il n’y avait pas de terrorisme, et combattre le terrorisme comme s’il n’y avait pas de processus de paix. (…) Autre obstacle, la fin du moratoire sur la colonisation décrété par le gouvernement israélien, qui prend fin le 26 septembre. Benyamin Netanyahu a indiqué qu’il ne prolongerait pas.(…) Sa coalition gouvernementale pourrait-elle y survivre? Netanyahu a déclaré qu’on ne pourrait parvenir à une paix véritable et durable seulement à condition que des concessions pénibles et mutuelles des deux côtés soient faites».(7)

«Cela veut donc dire que les Palestiniens doivent également faire des concessions. Sur quoi? Les futures frontières de l’État palestinien? Doivent-ils renoncer à voir l’ensemble des territoires occupés être libérés? (..) La concession que devraient faire les Palestiniens consisterait-elle à oublier cette compensation? Après avoir accepté de créer leur Etat sur seulement 22% de la Palestine mandataire, devront-ils faire de nouvelles concessions territoriales? Devront-ils accepter une concession pénible et mutuelle sur Jérusalem? (…) N’est-ce pas une façon d’annoncer la création d’un État palestinien réduit? Cela ne cache-t-il pas une volonté de faire jouer le fait accompli? Aucun Etat, y compris les Etats-Unis, ne reconnaît les conquêtes militaires de 1967 et encore moins l’annexion de Jérusalem. Celles-ci sont illégales juridiquement. Mais lorsqu’on parle d’un règlement du conflit, il n’y a aucune exigence à l’égard d’Israël pour se conformer au droit international. On espère un accord entre deux parties comme si elles étaient sur un pied d’égalité. Or il y a une différence entre elles. Les Palestiniens ont juridiquement raison mais sont militairement inférieurs.»(8)

 Pascal Boniface avait raison d’invoquer les faits accomplis et la puissance d’Israël. Cette force prime le droit. Toute la politique israélienne est une succession de faits accomplis, chacun effaçant le suivant. On parle de geler les colonies, mais les 300.000 colons c’est un fait accompli; de plus ils ne sont pas installés en bordure de l’Etat israélien, mais loin en profondeur. Tous les points névralgiques en termes religieux et même économique sont occupés. Au besoin, les Palestiniens y sont chassés. Israël par l’intermédiaire de ses organisations sionistes aux Etats-Unis, offre 10.000$ à tout Occidental ou de l’ancien empire soviétique d’ascendance juive de faire son «Alya» «sa montée vers Israël» et venir s’installer en Cisjordanie sur les terres palestiniennes, au besoin on dynamiter

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