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Note de lecture

Le web 2.0 en classe de langue. Une rflexion thorique et des activits pratiques pour faire le point.

de Christian Ollivier et Laurent Puren, L. (2011).
 

 Eva Schaeffer-Lacroix  (10 décembre 2011)

spacer 1. L’esprit de l’ouvrage
spacer 2. Le public vis
spacer 3. La composition de l’ouvrage
spacer 4. Premire partie
spacer 5. Deuxime partie
spacer 6. Pour finir

Paris : Maison des langues. 2011

1. L’esprit de l’ouvrage

Christian Ollivier et Laurent Puren travaillent tous les deux comme matre de confrences en didactique du FLE / S (franais langue trangre, franais langue seconde) l’universit de la Runion. Ils ont conu l’ouvrage Le web 2.0 en classe de langue - Une rflexion thorique et des activits pratiques pour faire le point dans un esprit que je qualifierais de didactique : l’ouvrage vise combler les manques que les auteurs ont constats dans le domaine de la formation initiale et continue des enseignants de langues en matire d’utilisation des applications technologiques offertes sur Internet l’re du web 2.0. Cette utilisation permettrait de faire voluer les pratiques d’enseignement-apprentissage. Un blogue accompagne le livre, ce qui donne l’occasion de ractualiser des liens et des informations (une ncessit imprieuse dans un domaine aussi volatile et changeant). De plus, il est une sorte de mise en abyme d’une des ides centrales que les auteurs souhaitent rpandre : le web 2.0 est le domaine de l’interactivit (relations entre les humains et la machine) et de l’interaction (relations entre humains). Sur le blogue, les lecteurs et lectrices peuvent obtenir des rponses aux questions que le livre suscite, et les auteurs sont prts les guider vers des sites non mentionns dans l’ouvrage et pertinents en fonction des situations particulires qui risquent de se prsenter. La division en deux parties, une partie "rflexive" et une partie "pratique" contribue encourager les praticiens ventuellement encore hsitants choisir leur formule ; en effet, il ne semble pas gnant de commencer la lecture de cet ouvrage par la partie pratique dont on peut d’ailleurs lire uniquement certaines fiches, selon les besoins ; toutefois, il serait dommage de se priver d’une entre en matire aussi instructive et claire que celle qui est propose dans la premire partie.

2. Le public vis

Il est rare qu’un livre s’adresse un public aussi vaste que celui vis par C. Ollivier et L. Puren : l’ouvrage est cens convenir tous les enseignants de langues, sans condition de prrequis importants en informatique, spcialistes d’une langue trangre, intervenant en prsentiel ou distance, divers niveaux d’apprentissage, sans exclure de classe d’ge - l’ambition est forte. Au fil du temps, les commentaires laisss sur le blogue (onglet "Vos expriences") illustreront, dans une certaine mesure, quel public se sentira particulirement touch par le livre. ce jour, les commentaires proviennent d’enseignants qui interviennent auprs d’un public de lycens et / ou d’tudiants.

3. La composition de l’ouvrage

Le sommaire du livre semble contenir des doublons : les termes "web 2.0" et "tche" apparaissent dans deux, voire trois paragraphes au sein d’une mme partie ou dans les deux parties du livre. En ce qui concerne le web 2.0, C. Ollivier a choisi de l’aborder par l’angle des pratiques non scolaires pour ensuite passer aux pratiques qui ont ou pourraient avoir une pertinence pour l’enseignement-apprentissage des langues. Il est donc normal que le thme soit trait deux fois. L’approche par la tche aurait, mon avis, pu tre synthtise davantage. Ce sujet clt la premire partie pour rapparatre dans la deuxime, ce qui parat redondant. Certes, dans la premire partie, il s’agit davantage d’analyser que de prsenter la mise en uvre, ce qui est fait dans la deuxime partie.

4. Premire partie

Dans la premire partie, C. Ollivier dcrit les caractristiques principales du web 2.0, et donne un aperu d’applications et services reprsentatifs. Les descriptions sont claires et peuvent tre lues de faon slective, selon le niveau de connaissances des lecteurs. J’ai trouv particulirement clairant le paragraphe sur l’indexation des donnes, nomm "connectivit" (page 28). C’est, entre autres, dans ce domaine-l que le projet de formation devient saillant : en dposant du contenu, les enseignants sont sollicits pour faire une dmarche de catgorisation ce qui peut tre considr comme une activit rflexive. La mutualisation des donnes et donc la possibilit de collaborer entre internautes, qu’ils soient enseignants ou pas, est favorise par le choix de termes le plus interoprables possibles, ce qui renvoie de nouveau une dmarche intellectuelle potentiellement fructueuse.

C. Ollivier prsente les pratiques des internautes, en particulier celles des jeunes. Il en ressort que la communication se place en tte des occupations lies Internet, juste avant le partage de donnes, et la cration de contenu serait marginale par rapport aux autres activits. La question de la dfinition du contenu se pose ici : partir de combien de caractres peut-on parler de contenus, ou selon quel autre critre le dfinir ? Quand on communique, on produit bien des contenus, mme s’ils sont souvent "lgers", personnels, peu dvelopps, etc. Distingue-t-on ici entre savoirs savants et savoirs populaires ? C’est peut-tre l que l’cole a un rle jouer : en s’appuyant sur les pratiques de publication existantes, aider les lves produire des textes en ligne plus longs, plus arguments, plus tays par des faits avrs, etc.

Un aperu de l’approche par tches occupe presque toute la deuxime moiti de la premire partie de l’ouvrage. C. Ollivier dcrit des versions plus ou moins radicales d’un spectre oscillant entre tches ayant un caractre scolaire, avec des objectifs centrs sur l’apprentissage de la langue trangre, et d’autres dites "tches de la vie relle" qui ont pour destinataire un ou des acteurs sans lien avec le milieu scolaire dans lequel se droulent les activits, donc des internautes ou d’autres personnes non impliques dans l’organisation de l’enseignement-apprentissage. L’auteur plaide pour une prise en compte de "tches de la vie relle", sans vouloir en prconiser un emploi exclusif lors de l’enseignement-apprentissage de LE. Il prsente des donnes scientifiques qui tayent son point de vue. Plusieurs d’entre elles proviennent de ses propres recherches.

5. Deuxime partie

Dans la deuxime partie, les auteurs prsentent un certain nombre de "tches de la vie relle" (proposes par Christian Ollivier), suivies de conseils de mise en oeuvre et de fiches pdagogiques (les pages 125 204, contenant les conseils et fiches, ont t rdiges par Laurent Puren). Le droulement de l’excution de chaque tche est dcrit de faon assez dtaille ; il aurait t intressant de lister galement quelques consignes. Les activits soutenant l’apprentissage de la langue trangre ne sont pratiquement pas voques, ce qui peut se dfendre dans un contexte de travail adapt des apprenants de niveau B1 ou plus, dans lequel les concepteurs mettent l’accent sur les comportements en lien avec des situations extra scolaires. La rvision des textes se fait de faon plus ou moins collaborative. Des aides de type outil (dictionnaires, traducteurs en ligne) et l’aide de l’enseignant peuvent galement tre envisages.

L’ouvrage prsente quatre sites sociaux (partie rdige par C. Ollivier) et voque des possibilits d’utilisation de ces sites dans un contexte d’apprentissage en tandem. Il prsente des possibilits techniques et quelques modalits d’interaction. Aucun scnario n’est associ cette forme d’apprentissage.

Il dcrit un certain nombre d’applications du web 2.0 qui peuvent tre mises au service de l’enseignement-apprentissage des langues. Il numre les prcautions thiques et techniques prendre dans le choix des applications. Les aspects pdagogiques prendre en compte sont galement voqus. Au lieu de chercher classer tout prix certaines applications dans des catgories unifies (favorisant les activits crites, orales, l’interaction...), les auteurs ont fait le choix d’une prsentation selon l’ordre alphabtique [1]. Une partie descriptive extrmement dtaille est chaque fois suivie de propositions de tches. Les tches donnent des pistes d’action et des trames plus ou moins dtailles. Toutefois, l’aspect "apprentissage de la langue" proprement parler et les actions de rajustement ou de soutien de la part de l’enseignant(e) ne sont pas prciss.

Dans la premire partie du livre, l’intrt de l’utilisation d’applications en ligne lors de scnarios de type "tche de la vie relle" a t mis en avant, et les critres inhrents aux outils adquats ont t voqus : les scnarios doivent permettre de crer du contenu, de ragir du contenu d’autres personnes, voire de le modifier, et doivent avoir une pertinence au-del du projet d’apprentissage stricto sensu.

Tableau 1 - Critres "web 2.0" appliqus aux outils prsents dans l’ouvrage.

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Dans sa version radicale, cette pertinence est rattache une interaction avec des internautes qui ne sont pas impliqus dans la situation d’enseignement-apprentissage. Le tableau ci-dessus montre que quatre des seize applications prsentes dans le livre permettent de modifier les productions d’autres auteurs. Douze outils sur seize comportent une fonction de commentaire (crit ou oral), ce qui est un critre important pour l’interaction entre apprenants et / ou internautes. La "vie relle" entre dans la "salle de classe" notamment par le biais de liens crs avec des rseaux sociaux, comme Twitter ou Facebook, ou grce un accs public sur un site qui offre le partage de donnes (notamment de vidos). Certaines des tches visent des interactions au sein de groupes ferms, cela est prcis par L. Puren (page 126) et ne proposent donc pas d’interaction avec des internautes extrascolaires. Le dernier outil sur la liste, Woices, incorpore par excellence l’esprit que veulent promouvoir C. Ollivier et L. Puren : il donne l’occasion de produire du texte oral qui se rfre un lieu gographique prcis et de le publier sur un site public, Google Maps. Ainsi, la production peut tre utile quelqu’un qui se promne dans le primtre en question et qui souhaite s’informer l’aide d’une sorte d’audioguide original. S’il est vritablement possible d’entrer en contact avec l’auteur, tel que le suggre la lecture de la fiche descriptive concernant Woices, les critres numrs plus haut sont parfaitement respects.

6. Pour finir

Je rattacherais volontiers la lecture du livre d’Ollivier et Puren les termes de "plaisir" et "lgret", dans le bon sens du terme. Le ton adopt, choisi en raison du public potentiellement novice en la matire, souligne agrablement le projet de formation des auteurs : l’criture est instructive sans tre pesante, le contenu est digeste sans tre creux. Il serait souhaitable que les ides nombreuses d’outils et de tches mnent des ralisations sur le terrain qui ne donnent pas uniquement l’occasion de produire et d’interagir, mais qui soutiennent galement l’apprentissage des langues trangres.

[1] Ce choix n’a pas toujours t repris l’identique par l’diteur de l’ouvrage.

(Haut de la page)
site AEM (Françoise Demaizière)
(didatic.net)
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