Si vous en avez soupé des sabots, des harnais et de la selle dans la bolognaise...
lundi 25 février 2013
Si vous en avez soupé des sabots, des harnais et de la selle dans la bolognaise...
Si les concombres et les tomates poussés sous perfusion dans un substrat de pelures de noix de coco vous sortent par les oreilles.
Si vous ignoriez que depuis belle lurette les soi-disant légumes oubliés ont en fait été recréés de toute pièce parce que c'était à la mode et mis au point en laboratoire pour résister au transport et à l'attente dans des caisses sur le coin d'un parking.
Si vous préférez acheter un camembert plutôt qu'un disque de plâtre et un morceau de gruyère plutôt qu'un "fromage analogue".
Si vous ne comprenez pas pourquoi on rajoute de l'arôme chèvre dans les fromages du même nom.
Si vous préférez manger un seul bon chocolat plutôt que deux morceaux de sucre enrobés d'un glaçage non identifié de couleur marron.
Si vous imaginez qu'un agriculteur qui travaille pour William Saurin, Nestlé ou pour Bonduelle est un fermier ou un paysan chuchotant à l'oreille de ses bœufs, tapotant l'encolure de ses vaches, caressant l'échine de ses cochons ou allant arracher à la main les mauvaises herbes de son potager.
Si vous ignorez que le jambon emballé sous vide pèse plus lourd après sa cuisson qu'avant, grâce aux polyphosphates dont il est imbibé. (Et ensuite, c'est vous que en serez imbibés après avoir mangé le jambon. Ah bon, vous faites de la rétention d'eau ?)
Si la course infernale derrière un caddy de supermarché est pour vous une corvée plutôt qu'un plaisir.
Si le saumon "premier prix" engraissé aux hormones et aux farines animales vous écœure par son côté graisseux en bouche.
Si vous pensiez innocemment que le lait que vous achetez en brique sort tout droit du pis d'une vache. Et que le beurre Président est amoureusement tourné dans une baratte pendant plusieurs heures. (Hé non, il est fait dans un "canon à beurre" en... moins d'une seconde).
Si vous croyez manger un fromage alors qu'il est écrit sur l'emballage "spécialité fromagère".
Si vous vous posez des questions sur la composition de cette confiserie "au bon lait" alors que le sucre vient en premier dans la liste des ingrédients.
Si vous n'avez pas envie de déguster au restaurant la blanquette du chef sortant d'une usine délocalisée quelque part en ( ou hors) UE et réchauffée au four micro-ondes.
Si le mot "gras" dans "foie gras" ne vous effraie pas, mais par contre le mot "allégé" dans "beurre allégé" oui.
Si pour vous le cochon est un noble animal qui devrait être élevé dans les règles de l'art (ou plutôt du lard) et non pas sélectionné pour sa prolificité et gavé d'antibiotiques pour faire du muscle le plus vite possible.
Si les publicités pour tous ces produits "au goût unique" qui ont d'ailleurs tous le même c'est à dire qu'ils n'en ont pas du tout, vous font éclater de rire.
Si vous pensez naïvement que le boulanger du coin devrait faire ses croissants lui-même.
Si vous vous étonnez de ne plus retrouver les variétés de patates de votre enfance.
Si ça vous agace que les oignons n'aient plus le goût d'oignon, que les endives ne soient plus amères, que le lait ait le goût de flotte, la crème brûlée le goût d'allume-barbecue et le coq au vin celui du poulet.
Si vous en avez assez de devoir emporter une loupe et un dictionnaire de chimie pour lire les emballages quand vous faites les courses.
Si vous n'avez jamais regardé le prix d'une barquette de lasagnes pour 4, mais soyez rassurés, pour le même prix vous aurez tout de même un morceau des harnais, et peut-être la selle et les étriers... Et maintenant que la provenance sera étiquetée, la belle affaire ! la seule chose dont vous serez sûrs, c'est que les sabots et les cornes ne viendront pas de l'étranger*.
Ce livre est pour vous ! Précipitez-vous, lisez-le, délectez vous, rigolez, amusez-vous parce qu'en plus c'est très drôle et que ça démystifie beaucoup de choses. Et ensuite, j'espère que vous n'aurez qu'une envie : vous mettre à table avec des nourritures dont vous aurez soigneusement choisi chaque ingrédient. C'est tout ce que je vous souhaite.
Dictionnaire impertinent de la Gastronomie, Périco Légasse, illustrations de Tignous, François Bourin Editeur
* Monsieur Findus, ne faudrait-il pas vérifier aussi s'il n'y a pas d'hippocampe dans le poisson pané ?
Tags : agro-industrie, livre
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Commentaires
Enfoncer le clou un peu plus, tout à fait d'accord, mais qui, à part des félés de cuisine comme nous, à la recherche de vrais produits, se sentent concernés ? Ça serait tellement bien, que le consommateur ouvre une peu les yeux.
Posté par Vanille, lundi 25 février 2013 à 11:52Ce billet va avec le temps maussade le temps maussade.
Je me bats depuis des année ci te cette mal bouffe. C'est difficile, mais il faut faire entrer tout ça dans la tête de nos enfants. Merci à tout ceux qui se battent avec nous.Posté par Christine, lundi 25 février 2013 à 12:03...oui!!!... et je rigole quand je vois les reportages sur le salon de l'agriculture où on voit de belle vaches Salers et autres... dont le français bas et moyen ne goûte que les noms et les photos car dans son assiette lui est proposée l'autre vache (cochon...)...venue d'ailleurs et même de France...qui a vécu toute sa vie en ghetto et a été assassinée dans les pires conditions. On nous montre Hollande en train de faire sa dégustation de bons produits....réservés à l'élite où ceux qui sont prêts à y mettre le prix ou n'en manger que rarement mais, du bon.
...fuiiiir l'agro industriel! Tout faire soi même, manger local, saison, producteur authentique n'est pas donné à tout le monde; mais continuons de décrier, d'ouvrir les yeux et les esprits, d'inciter, de livrer notre savoir faire dans nos blogs et la boule de neige continuera de grossir et peut être un jour trouvera-t-on le bio au prix du non bio. Faire tout soi même permet déjà de passer moins de temps à écarquiller les yeux sur des étiquettes incitatives, permet de faire des économies, permet d'éliminer tous les adjuvants de fabrication , permet de se faire plaisir, de retrouver l'estime de soi par la valorisation au cours d'une activité qui peut être ludique et passionnante. et permet de ne prendre que 20 coups de bâton au lieu de 40, tout en visant le zéro coup de bâton pour le prochain millénaire (siècle si on est optimiste et si on alimente la boule de neige comme tu le fais).Posté par CARDAMOME, lundi 25 février 2013 à 12:17Ça donne envie de le lire !
Bonjour Marie-Claire,
Je me suis reconnue dans les si... moi qui reviens du marché avec les fromages fermiers de Claude, les escalopes de veau de Marie-Laure et Laurent et les citrons du jardin de Madani...
J'ai la chance de pouvoir faire ainsi car habitant à la campagne et ayant actuellement du temps (sans emploi), mais je constate qu'encore trop de gens qui ont également cette chance préfèrent engraisser les portefeuilles des magnats de l'agroindustriealimentaire en poussant leur caddie le samedi matin. Par ignorance, par paresse, par facilité ? Je ne sais pas, et je ne jette pas la pierre à tous les usagers de la grande distribution, mais il serait temps d'être tous des consom'acteurs...
Merci aux autres commentaires, continuons encore et encore...
Sinon, je prends toujours autant de plaisir à lire et réaliser vos recettes, Marie-Claire, même si je ne commente que très rarement !Posté par Cilou, lundi 25 février 2013 à 12:55Bonjour,
Je n'ai pas besoin de le lire pour manger des produits dont je connais la provenance e tde préférence vendus et élevés sur place ! mais je vais m'empresser de le lire pour y apprendre encore et encore comment on fait le jambon, le pain et rire jaune sans doute !Posté par An!èce, lundi 25 février 2013 à 13:19Je l'ai commence, je me régale...
Posté par mamina, lundi 25 février 2013 à 13:24Où sont mes lunettes???
Et si vous avez bien regardé, l'écriture des ingrédients est très petites et sans mes lunettes je ne vois ça que rendu à la maison. Enfer, ce livre est à commander au plus vite. J'essaye de faire tout ce que je peux par moi même. J'ai commencé par le savon et maintenant que j'ai été exposé à des lectures comme la tienne et avant quand même, je me méfie de plus en plus et finalement j'aime mieux le cammembert artisanal que je trouve dans une petite fromagerie tout près que ceux du super marché du coin sous prétexte qu'il est à porté de main et tout près de chez moi. Merci de nous informer encore plus.
KimGalaPosté par KimGala, lundi 25 février 2013 à 15:28Tu prêches une convaincue. Malheureusement, même en allant faire ses courses auprès des petits commerçants et artisans bouchers..., je ne suis pas sûre d'être à l'abri de pratiques malhonnêtes ou, en tout cas, loin des règles de l'art. Chez nous, la plupart s'apprivisionne à Rungis. On est loin des petits producteurs... Quant au budget accordé à la nourriture, il équivaut à celui de la maison ou de la voiture.La viande, le poisson, les fruits et légumes de saison, le fromage, tout est très cher. Pour combien de temps encore pourront nous nous permettre de manger "sainement" ??? Je comprends que certains se tournent vers l'industrie agro-alimentaire, les petits "restos" grecs, arabes, les mc do... : pour 5€, ils ont un repas. Bon ok, il faut l'avaler, quand on n'a pas l'habitude, ça n'est pas facile, mais quand on n'a pas le choix ?
Posté par Mag, lundi 25 février 2013 à 16:03ahhh si tout le monde povait venir lire cet article .....
Posté par wattoote, lundi 25 février 2013 à 16:16Soutien !
Et bien moi j'ai 17 ans et c’est la gamine qui essaye de convaincre les parents de changer petit à petit. Mais ce qui me semble être essentiel ... et Sacré ( vi vi vi vi ! ), ce n'est pas encore un réflexe pour eux ... Et encore nous n'avons jamais été Macdophile. Quelqu'un aurait-il une méthode d'éducation ... alimentaire ?!
Posté par Delphine, lundi 25 février 2013 à 16:48Hé oui, je prêche des convaincus, je sais que ceux et celles qui viennent lire ici le sont ! Mais diffusez, partagez, expliquez à vos enfants, cuisinez pour vos amis et vos proches : c'est comme ça qu'on y arrivera...
@ Mag : Ah le budget ! parlons-en ! En 1970 25 % du budget des ménages était consacré à la nourriture, aujourd'hui il ne représente que moins de 14 %. Les gens préfèrent acheter la dernière télé à écran plat, avoir 2 ou 3 abonnements de téléphone, partir au ski tous les hivers et à la mer tous les étés, mais rechignent à payer un euro de plus pour manger un fromage au lait cru ou acheter du vrai beurre ou des fraises qui ne viennent pas d'Espagne !
@Watoote : alors diffusez le lien
@ Delphine : je suis d'accord : ça devrait être enseigné à l'école !Posté par Marie-Claire, lundi 25 février 2013 à 17:10YES, YES, YES !
Posté par silvie, lundi 25 février 2013 à 17:40Lorsque je suis venue ici ce matin, j'avais l'intention de pousse un coup de gueule dans ce sens...du coup, aussitôt vu ton article aussitôt fait le mien en direct sur mon blog car nous nous devons nous, le troisième media d'informer les gens afin au moins, de contrebalancer le pouvoir des puissants.
Posté par CARDAMOME, lundi 25 février 2013 à 18:18pôvre france, je ne savais même pas qu'il existait de l'arôme "beurre" pour les croissants industr....c'est certain que le coût de revient n'est pas le même.
allez Marie-Claire, continuons le combat!!!!!..Posté par fnand, lundi 25 février 2013 à 18:49Oui, l'arôme beurre... ça devient pathétique...
Posté par Marie-Claire, lundi 25 février 2013 à 19:38aux US, ca sent le poisson
De par chez moi, point de cheval dans le chili con carne, la fraude se passe chez le "poissonnier" :
www.lemonde.fr/sante/article/2013/02/23/vaste-fraude-sur-le-marche-americain-du-poisson_1837730_1651302.html?xtmc=poisson&xtcr=2
Je mets des guillemets, parce que les etals de poissons par ici, ca fait plutot pleurer. Il vaut mieux acheter au cul du bateau.Posté par Anne, lundi 25 février 2013 à 22:45Eh bien ! Je pensais faire de l'humour, mais j'étais pas tombée loin avec mon hippocampe dans la poisson pané ... :-/
Posté par Marie-Claire, lundi 25 février 2013 à 23:05Un gastronome à Dijon
Bonjour,
Bernard Lecomte, écrivain, parle (le 23 février) de Périco Légasse ici:
lecomte-est-bon.blogspirit.com/
Je crois bien qu'il partage votre avis.
Jean-Michel 71Posté par Jean-Michel 71, mardi 26 février 2013 à 11:02Je viens de me régaler à la lecture de ce billet, je vais sans doute pousser plus loin, donc. Merci pour cette idée de lecture !
Je suis déjà plus que convaincue par tout ce que vous avez énuméré et mon panier s'est considérablement allégé depuis des années (même si moi, je n'ai pas perdu un gramme !). Mais je pense que j'ai encore beaucoup à apprendre : on n'en saura jamais trop sur ce que nous mangeons et devrions manger.
Je m'abonne à votre blog que je découvre aujourd'hui. Merci !Posté par Sylvie BG, mardi 26 février 2013 à 11:30Je mange comme je peux avec des produits de base cuisinés dans ma cuisine. Mais hélas pas exempt de pesticides et d'engrais de tous poils. Ma petite retraite ne me permet pas le bio venant de Chine ou du terroir d'à côté, car là non plus, on ne sait pas. voir des pêches en mai, ne m'incite pas à me fournir dans ces magasins. N.....a n'est-ce pas unegrande surface déguisée ?
Manger mieux, oui, mais comment ?
Très bonne journée !
Merci !
Je ne connais pas, mais ça ne va pas durer...
Merci Marie-Claire !