Il faut le
lire pour le croire. Dans son numéro spécial de Noël, l’hebdomadaire de
référence des élites mondialisées fait une
ode au libre-échange dénuée de toute distance critique. Une nouvelle preuve
de l’approche théologique d’une partie des élites sur les questions
économiques.
Délivrez-nous
du mal (protectionniste)
Pour The Economist, le
remède au manque de croissance des pays développés est simple : « nous offrons trois moyens d’améliorer la
confiance et d’accélérer la croissance pour ce qui sera autrement une année
plutôt rude (…) Les trois impliquent une libéralisation du commerce ».
Les trois opportunités sont le traité trans-pacifique, l’accord de
libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis et enfin la libéralisation des
services au sein de l’Union Européenne.
La
bible néolibérale évoque des études qui concluent toutes à un apport positif de
cette libéralisation. Le traité pacifique apporterait 1 point au PIB de la
zone. L’accord de libre-échange européo-étasunien apporterait 0.4 point au PIB
des premiers et 1 point aux seconds. Enfin, la libéralisation des services au
sein de l’UE pourrait produire 2,5 points de PIB supplémentaires. Bref, avec The Economist, l’économie c’est simple,
la libéralisation résout tous les problèmes.
Contradictions
et idéologie
En effet,
l’industrie européenne s’est totalement effondrée devant la levée de toutes les
barrières au commerce avec les autres pays, ce qui est malheureusement bien
logique étant donnés les immenses écarts de salaires qui existent. Il
est bien évident que davantage de libéralisation ne fera qu’accroître le
malaise économique des pays dits développés en accélérant plus encore le
phénomène de délocalisations, qui touche aujourd’hui de plus en plus les
services.
En fait,
contrairement à Paul
Krugman et Joseph
Stiglitz, qui ont mis de l’eau dans leur vin libre-échangiste, The
Economist n’utilise plus sa raison sur la
question du libre-échange. Il se fait le moine-soldat des élites
mondialisées, son lectorat, qui, lui, en profite, au détriment d’une immense
majorité de la population des pays dits développés. Ce faisant, il défend la
religion de la libéralisation à outrance, qui
nous a pourtant mené au désastre il y a quatre ans.
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