Du bruit à l’intelligence situationnelle

10 February 2012 By Bertrand DUPERRIN Leave a Comment

Résumé : le problème avec les plateformes sociales d’entreprise, nous dit on, est le risque d’infobésité et le bruit informationnel qu’elles génèrent. La réalité est plus complexe. En matière d’infobésité elles ne font que recueillir l’information et n’ont que peu d’impact sur le fait qu’on en génère de plus en plus. Le problème est davantage vers la redistribution de cette information et c’est là que rentrent en jeu des notions telles que les activity streams et outils de micro-blogging. Là se pose la question de ce qui est nécessaire et superflu. Avec une notion encore très peu comprise en entreprise : dans un monde du travail complexe il est important de percevoir des signaux pour agir et s’adapter en permanence aux événements extérieurs qui nous impactent. Et perception ne veut pas dire lecture approfondie. Les salariés vont devoir apprendre à optimiser leur intelligence situationnelle en tirant le meilleur du bruit périphérique sans se laisser submerger par lui.

D’un coté on voit des entreprises qui réfléchissent sérieusement à une manière plus efficace que l’email pour organiser les circuits d’information, les échanges, la collaboration et le partage d’information. De l’autre on voit bien que les solutions alternatives proposées engendrent leur lot d’interrogations, si ce n’est de peurs.

Comme je le lisais encore dernièrement après la décision d’une grande entreprise française de mettre fin aux emails internes : “Ca n’est pas ça qui va diminuer le volume d’information, elle va se retrouver ailleurs”. On parle en effet avant tout d’une manière de gérer et appréhender les flux d’information avant de parler de changements d’outils.

En effet les plateformes “social software” sont un “attrape-tout” informationnel (on peut tout y mettre). Elles peuvent donc, avec une richesse fonctionnelle qui ne cesse de s’accroitre, prétendre recevoir quasiment tout ce qui se produit en termes d’information. Certains y voient un risque d’infobésité. Ce n’est, à mon avis pas le cas. De toute manière toute l’information qui doit être produite sera produite, ici on ne parle que du réceptacle. On peut même penser que l’existence de tels outils peuvent éviter la réplication d’information entre différents systèmes.

Ce qui pose problème n’est donc pas la captation de l’information mais sa redistribution. Coté utilisateur cela signifie se demander ce qui doit être “poussé” jusqu’à lui et ce qui doit simplement être disponible s’il le cherche (en ajoutant des mécanismes de suggestion pour adresser la zone grise entre les deux). Bizarrerie culturelle tant on reste marqués par des logiques qui font que d’un coté on est submergé par trop d’information poussée et, de l’autre, on craint de rater quelque chose donc on ne fait rien pour faire le ménage dans ce qu’on reçoit et se croit forcé de tout lire.

Deux composantes des nouvelles plateformes posent ici question : les “activity streams” et outils de microblogging qui génèrent des fils d’information dans lequel beaucoup craignent de se noyer. Ce qui amène à se demander si nous avons besoins d’autant d’information et si tout cela est vraiment utile.

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On sait faire plus, il faut apprendre à faire mieux

9 February 2012 By Bertrand DUPERRIN 1 Comment

Résumé : on est très largement influencé par ce qu’on mesure et la manière dont on le mesure. Et la règle du “faire plus” a longtemps été la règle d’or..jusqu’au moment où on se rend compte que la marge de progrès s’est rétrécie avec le temps comme une peau de chagrin. Que faire alors ? Comment s’améliorer sans faire plus ? En faisant mieux. C’est ainsi qu’on met en évidence des approches qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons sur lesquels la marge de progression est gigantesque. Mais reste à savoir ce que “mieux” veut dire et le retranscrire dans les métriques.

 

Il est difficile de faire quoi que ce soit quand on ne sait mesurer ce que cela apporte, le chemin parcouru, mesurer les possibles écarts pour recadrer les choses. Face à des choses nouvelles on a, dès lors, deux possibilités. La première est de continuer comme si de rien était et, lorsqu’on ne dispose pas d’indicateurs adéquat les mener en dépit du bon sens ou décider de ne rien faire vu que cela ne va rien changer aux indicateurs connus. La seconde est de se demander ce qui importe et construire un référentiel de mesure adéquat.

On a, ainsi, toujours pris l’habitude, a priori logique, de garder les mêmes mesures et essayer de faire “plus”. Ce qui est possible avec des logiques “jeunes” où beaucoup de progrès reste à faire, moins avec des approches en fin de cycle, quand la courbe du “plus” tangente les limites du système.

Un petit aparté en passant… C’est parce qu’on a essayé de faire “plus” sur des logiques industrielles et tayloriennes appliquées à des métiers, des activités et un pan de l’économie qui ne s’y prêtait pas que l’entreprise a perdu en efficacité opérationnelle pure (on ne peut courrir le 100m en zéro secondes) et utilisé deux leviers pour tenir sa promesse de rentabilité : diminuer les dépenses en croyant diminuer les coûts et ainsi hypothéquer son avenir tout en affaiblissant son écosystème et ses parties prenantes (salariés, sous traitants) et aller chercher de la rentabilité sur les marchés qui sont devenus des lieux de placement et non plus d’investissement.

Retour à notre réflexion…

Il faut alors faire autrement pour repartir sur un système où on est en bas de la courbe d’apprentissage et où, donc, il est possible de recommencer à faire “plus”. Mais faire autrement c’est tout de même vague. On peut faire autrement et passer totalement à coté du sujet, voire régresser. D’autant plus, qu’au final, les basiques restent : une entreprise qui produit, des salariés qui concourent à la production, les investisseurs investissent et veulent un retour, des clients qui achètent et la nécessité, in fine, d’en tirer plus de revenu qu’il n’y a de dépenses. Le “autrement” n’est une alternative au plus que dans la mesure où avant de faire plus à nouveau il permet de faire mieux.

Avant de penser “plus”, il nous faut donc aujourd’hui apprendre à penser en termes de “mieux”. Et ça on ne sait pas faire car la réflexion est encore rare, immature et que peu, finalement, essaient de remettre à plat leur définition de “ce qui compte”. [Read more...]

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Lotusphere 2012 : mon résumé

3 February 2012 By Bertrand DUPERRIN Leave a Comment

Comme vous l’avez sans doute lu, j’avais décidé de créer un blog dédié à la couverture de Lotusphere 2012 afin de ne pas encombrer la home page de celui-ci avec une succession de billets écrits au fil de l’eau, ce qui n’aurait pas été trop agréable pour ceux pour qui le sujet n’était pas essentiel.

Voici donc la liste des billets écrits à l’occasion (du plus récent au plus ancien) pour ceux qui n’auraient pas suivi et y trouveraient quelque intérêt à posteriori:

Lotusphere 2012 : J’ai vu danser un éléphant…et il veut qu’on danse avec lui

Lotusphere 2012 c’est (presque fini)

Comment IBM a tué d’un coup l’email et le réseau social d’entreprise

Le social au service du business : l’exemple du Social Project Management

Le nouveau Connections va transformer les méthodologies “Social Business”

Et si votre entreprise développait un marché interne des compétences ?

Le challenge des applications intégrées

IBM mise sur la gamification

Quoi de neuf dans Connections 4.0 ?

Comment faire le lien entre communautés et portail ?

L’activity stream, barômetre de l’entreprise

IBM définit le social en 4 principes actifs

Quelle stratégie mail et collaboration chez IBM en 2012 ?

Social “Business as Usual” à Lotusphere

Lotusphere : H-1h30

Lotusphere 2012 : le social partout et nulle part ?

Anecdote : et le sac Lotusphere est….noir

La mobilité ou la vraie fracture des usages numériques professionnels

Bonjour et bienvenue à Lotusphere 2012

Pour avoir un aperçu de tout cela en condensé, Lotusphere Paris se tiendra le 8 mars 2012. Programme en cours d’élaboration visiblement mais avec la certitude d’accueillir Luis Suarez en Guest Star.

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Le collectif n’est pas toujours la solution à tous les maux de l’entreprise

2 February 2012 By Bertrand DUPERRIN 1 Comment

Résumé : un des présupposés derrière beaucoup de projets d’entreprise est que le collectif et meilleur que la somme des individus. Un fait qu’on a vérifié à maintes reprises, suffisamment pour l’ériger en vérité absolue. Mais est-ce aussi simple que cela. Dans un système qui peine à articuler l’individu et le groupe, dans lequel les individus voient de moins en moins en quoi ils contribuent à quelque chose de global ni ce qu’est ce quelque chose, trois risques sont évidents. Le première est de construire une organisation dans laquelle le collectif n’a simplement pas de sens. La seconde est d’en faire l’échappatoire des problématiques individuelles, une manière de se défausser sur les autres et le système de ses propres insuffisances. Le troisième, du coté de l’entreprise, est de croire que l’organisation sociale ou 2.0 sera un remède à des processus inadaptés auxquels on a peur de toucher.

Il y a plus d’idée dans 10 têtes que dans une. On est plus forts à 100 qu’à 10. Les foules sont plus sages que les individus. On est plus efficaces collectivement en se comportant comme un organisme vivant que comme une somme d’individualités. Autant de constats et de présomptions qui amènent les entreprises à développer leur approche “2.0″ ou “sociales” du travail. Avec de nombreux mots magiques érigés en remède à tous les maux : “communautés”, “réseau”, “lien”, “ensemble”.

Mais ces approches sont elles sans travers ?

La mise en place des logiques sus-mentionnées et, le cas échéant, des outils qui vont avec, vise souvent à améliorer des dynamiques collectives par le biais d’interactions plus efficaces entre les ressources, entre celui qui a quelque chose à faire et ceux qui peuvent contribuer à ce qu’il le fasse mieux ou plus vite. Rassembler et échanger sont donc les maitres mots de ces dispositifs nouveaux. Sauf que :

• Intéragir n’est pas produire : la conversation, les échanges, sont un préalable à l’action mais au final il y a une personne qui doit, suivant les cas, produire un livrable, décider, agir. On co-innove, co-conçoit mais au final l’action reste un enjeu de production individuel. On pourra citer une exception : la co-rédaction d’un document avec un outil comme Google Doc. Mais en y regardant de plus près, une personne doit toujours remettre tout d’équerre, aligner les styles et les propos. On gagne du temps au départ mais la finalisation d’un document écrit à 4 mains est souvent un pensum. Au final, l’unité de travail la plus élémentaire, la tâche, reste une problématique individuelle dès lors qu’on regarde du strict point de vue de l’exécution.

• on finit par essayer de résoudre par le collectif des problématiques de discipline, de rigueur, de responsabilité individuelle. Si personne n’a de rigueur sur la gestion de ses tâches, de son emploi du temps, de ses deadlines, ça n’est pas en réunissant tout le monde qu’on résoudra le problème. On risque même de l’amplifier par des interactions stériles qui ne feront pas avancer le dossier, chacun n’ayant pas accompli le travail préparatoire nécessaire à une réflexion collective en connaissance de cause.

• on déporte le problème là où il n’est pas en oubliant de s’attaquer aux fondamentaux, voire une manière facile de déplacer la responsabilité individuelle vers le collectif. “Si je ne fais pas la communauté fera”. Et tout le monde se disant la même chose personne ne fait plus rien d’autant plus que “la communauté” ça n’est ni plus ni moins que des individus dont on attend quelque chose. Quand la communauté fait c’est, en fait, certains de ses membres qui, individuellement, ont décidé d’avancer. On remercie “la communauté” mais là encore on est dans une logique d’investissement et de contribution personnelle. La communauté n’avance pas si ses membres (ou au moins quelques uns) ne décident pas d’avancer.

• mais on peut tout autant reprocher le même type de comportement du coté de l’entreprise. “Si on les emmène dans le social ou le communautaire ils vont pallier à nos processus inadaptés sans qu’on ait à rien changer de ce coté là”. Alors que justement ces nouvelles dynamiques ont besoin de processus forts et robustes pour trouver à la fois des raisons et du temps pour exister (on est pas à un paradoxe près..). [Read more...]

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Une épreuve de “numérique” au bac : c’est grave docteur ?

31 January 2012 By Bertrand DUPERRIN 2 Comments

Résumé : une épreuve sur le “numérique” au bac. Ils ont enfin compris. Le système éducatif va enfin vivre avec son temps et sensibiliser les jeunes à ces nouveaux enjeux qui dépassent la technologie et impactent la sphère sociale, l’économie, la manière dont la société avance et évolue. Peine perdue. Il ne s’agit que de parler formats de donnée, algorithmes et formats de donnée. Visiblement on a pas compris la différence entre informatique et numérique et cette “nouveauté” arrive avec au moins 10 ans de retard. Si la France réussit son virage numérique elle ne le devra surement pas à son système éducatif.

Il était temps que la question de la culture numérique des jeunes soit enfin prise en compte sérieusement. On sait très bien qu’il est difficilement envisageable d’avoir des entreprises et des salariés performants en la matière si un niveau minimum d’éducation et de sensibilisation n’a pas été fait auparavant. Le plus tôt étant le mieux. Soyons bien clair sur les enjeux : il ne s’agit pas de s’assurer qu’au jour de l’obtention du bac un jeune saura allumer un ordinateur, taper un CV sous word, l’envoyer par email et faire une recherche sur Google. Ca c’était déjà ce qui aurait du être la norme dans les années 90. La question touche davantage à l’acquisition d’une sorte de maturité dans les usages et la réflexion. Dans les usages car aujourd’hui la valeur de la technologue est dans l’usage, souvent collectif, qu’on en fait. On n’apprend pas le numérique en utilisant un ordinateur dans son coin mais en s’en servant pour travailler, créer, apprendre etc.. avec les autres. Dans la réflexion car le numérique est davantage devenu aujourd’hui une dimension de nos vies, une approche des choses, des gens et des relations qu’une question d’outils à connaitre et maitriser. On agit et on pense numérique en tant qu’internaute, client, salariés, chef d’entreprise, chacun à son niveau et en fonction de ses besoins.

L’enjeu ? Construire le terreau fertile qui permettra à un pays de se positionner sur les nouveaux axes de croissances, d’avoir un tissu d’entreprises nombreuses et innovantes sur les sujets en question etc… En somme, un tissu économique ayant l’ADN pour réussir demain au lieu de pleurer un hier qui ne reviendra pas. Enfin…si notre retard en la matière n’est pas déjà rédhibitoire….

Bref, j’ai vu passer une excellente nouvelle il y a quelques temps : une épreuve de “numérique” au bac dès 2013. Alleluia ! Qui dit épreuve dit enseignement. On va donc avoir des lycéens qui auront reçu un vernis minimum, un début de sensibilisation qui pourra les aider à faire des choix en termes d’orientation, comprendre l’impact du numérique sur tous les domaines de la vie quotidienne etc… Certainement pas le Pérou mais mieux que rien. Je regarde ça de plus près. [Read more...]

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