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15 novembre 2010

Prix Pictet 2011 : exposition des finalistes

La Galerie Les Filles du Calvaire expose les finalistes du prix Pictet 2011, « premier prix photographique d’envergure internationale dédié au développement durable ». Il porte cette année sur le thème de la Croissance (Growth).

La qualité des photographies est incontestable. Les meilleurs photographes, les plus engagés et plus talentueux, sont dans la course. Et pourtant, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans ce bouquet final. De façon générale, l’écho avec le thème n’a pas su être trouvé. Le problème de fond ne vient pas de la démarche des photographes, mais du choix du thème lui-même. Comment aborder un thème aussi général avec des cas aussi particuliers, si pertinents et indispensables soient-ils, comme la série de Nyaba Leon Ouedraogo sur le trafic illégal de déchets électroniques, la série de Christian Als dans le bidonville de Nairobi ou encore les images de Chirs Jordan ayant déjà fait le tour du monde sur les déchets en plastiques dans les cadavres de bébés albatros ? On s’attaque à une partie et on n’atteint pas le tout. Le photographe Stéphane Couturier tente une approche d'ensemble, au travers la description schématique de la production industrielle, mais le rendu photographique est peu convaincant. Le coréen Yeandoo Jung avec la série "Evergreen tour" (photo ci-dessous) est sans doute celui qui s’approche le plus de l’impossible but. Juxtaposant des photographies des salons des habitants de la tour Evergreen, il aborde la dynamique d'uniformisation des modes de vie.

Le fait est que le terme « Croissance » n'est pas un mot rattaché au développement durable. Tel un miroir de notre société, il n'est pas porteur au-delà de la critique. Le propos du développement durable est justement de quitter le paradigme de la croissance, de cesser de raisonner « croissance », sinon pour créer une croissance différente appelée « croissance verte ».
Il aurait par exemple été préférable de partir sur un synonyme de la Croissance, appartenant d’ores et déjà à l'univers du développement durable, comme par exemple le mot Prospérité (cf. le fameux livre "Prospérité sans croissance", « Prosperity without Growth » de Tim Jackson). Il se présence justement comme l’alternative de la croissance. Ou encore plus classique mais déjà différent, le mot Développement. Cela aurait permis d’éviter une énième critique en règle de la croissance et l'impression de "déjà vu" qui émane des photographies des finalistes.
Depuis 1972, la critique la plus juste et aboutie de la croissance (rapport « Limits to Growth ») est déjà constituée. De nombreux indicateurs, observateurs, auteurs, rapports, scientifiques, ONG, intellectuels, ont déjà nourri, complèté, élargi, la critique de la croissance. Cette critique est mûre, pleine, riche. Il faut bien sûr l’actualiser. Mais plus urgemment encore, il faut s'en servir pour changer. Répéter la critique est un champ créatif limité.

Par ailleurs, dans les communications du Prix, le thème de la croissance est présenté de façon biaisée, la croissance serait, très schématiquement, bien pour le social mais pas bien pour l'environnement. Citons le communiqué de presse du Prix : « Pourtant, alors qu’elle semble nous emmener tout droit vers une catastrophe environnementale, la croissance améliore chaque jour la santé et les conditions de vie de millions de personnes à travers le monde ». Cette présentation est subjective, idéologique, incomplète, sinon fausse. Car la croissance menace aussi chaque jour la santé et les conditions de vie de millions de personnes à travers le monde. La croissance, quand elle s'empare du marché du Bio ou des énergies renouvelables, est aussi un bienfait pour l'environnement. Et elle nous emmène tout droit vers une catastrophe tout autant sociale qu’environnementale. Quelle objectivité de l’image peut être garantie si cette dernière illustre un thème d’ores et déjà orienté dans sa présentation ? Si le but était de ne sélectionner que les dimensions négatives environnementales de la croissance, alors il aurait fallu dans ce cas choisir des thèmes plus ciblés comme : "erosion", "pollution", etc.

S'il faut attendre 2012 pour que le prix Pictet retrouve le champ lexical du thème sur lequel il se positionne, les photographies de ce Prix 2011 sont, dans tous les cas, fort belles et fort utiles.

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Galerie Les Filles du Calvaire
17, rue des Filles-du-Calvaire
75003 Paris
Exposition jusqu'au 29 novembre 2010.

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19 octobre 2010

La Frieze Art Fair vue sous l'oeil du développement durable

L'angle du développement durable, sensible aux thématiques environnementales et sociale et à l'intégration de la société civile dans les démarches de création, permet un regard et un questionnement spécifiques sur l'art contemporain. La Frieze Art Fair qui s'est déroulée le week-end dernier à Londres offrait des oeuvres très intéressantes de ce point de vue.

Les oeuvres les plus significatives peuvent se ranger en quatre grandes catégories, les archéologues du futur, qui explorent le regard qui sera porté dans le futur sur notre mode de vie actuel, les naturalistes, qui montrent une nature intacte et expérimentent des relations ancestrales avec elle, les co-créateurs, qui intègrent des acteurs de la société civile dans le processus de création, les joueurs, qui instrumentalisent ou détournent les animaux pour créer une proposition déconnectée du moyen employé.

Les archéologues du futur
Damian Ortega, sur-représenté dans cette édition 2010, joue de son procédé d'éclatement d'objet en 3D en disposant cette fois en 2D au sol les différentes pièces d’un moteur à réaction comme un squelette de dinosaure que découvriront les paléontologues futurs. Allora & Calzadilla présentent « Petrify Petrol Pump », une pompe à essence pétrifiée, comme vestige d'un mode révolu, pre-peak oil. Cette démarche est un clin d'oeil amusant mais est loin d'être la plus stimulante.

Les naturalistes
Marcus Coates, ornithologue, naturaliste et chaman, est sans doute l’artiste le plus sensationnel et le plus engagé de la Frieze. Dans un « retour à la nature », l'artiste anglais communique avec l’esprit des animaux et le transmet à travers des performances ou « consultations » à des urbains éloignés des animaux. Les oeuvres présentent les costumes chamaniques ainsi que les vidéos de ses consultations. La consultation du maire de Holon et son adjoint, en Israël, était une vidéo présentée.

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Plus contemplative et révélatrice d'une nature intacte, la nouvelle série « Natura Nova » de la photographe allemande Ricarda Roggan propose de magnifiques ciels très nuageux en noir et blanc, ainsi que le vert foisonnant de cimes d'arbres. Le belge Geert Goiris, artiste voyageur habitué de l'antarctique, présente une vue saisissante de cette terre gelée et bleue ainsi qu'un Cactus ayant une forme aranéide, à la galerie Catherine Bastide.

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Les co-créateurs
Liza Lou, obsessionnelle des perles dont elle a déjà couvert une cuisine dans son oeuvre "Kitchen", présente ici à la galerie White Cube, Continuous Mile, immense tressage de cordes faites à partir de minuscules perles noires. L'artiste remercie les artisans de KwaZulu-Natal d'Afrique du Sud pour leur contribution à l'oeuvre. Mais difficile de savoir si ils ont contribué uniquement pour éviter une enième tandinite à l'artiste où s'il s'agit d'un projet de réelle co-création. Dans tous les cas, le résultat est somptueux.

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Les joueurs
spacer David Shrigley a inauguré la Frieze qui lui offrait une grande aire de jeu pour lui seul, en tatouant les visiteurs contre un don à MSF. Dans cet espace grillagé un chien empaillé brandit un panneau "I am Dead" et une autruche décapitée est placée au milieu de l'espace par ailleurs dédié à l'autodérision. On comprend que l'animal est davantage prétexte à l'humour que sujet.
Moins drôle, Damien Hirst, avec son oeuvre de 2006 "The True Artist Helps the World bt Revealing Mystic Truths", titre emprunté Bruce Nauman, montre des dizaines de poissons d'une couleur devenue jaune et effacée et aux yeux opacifiés car conservés dans du formol (processus totalement non durable, un problème déjà soulevé plusieurs fois pour son fameux requin) démontre son absence de démarche scientifique ou intellectuelle et gagne le jack-pot de la plus grosse vente de la Frieze, à 3 millions de £. Comme quoi, les jeux les plus insignifiants sont parfois les plus gagnants.

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19:27 Publié dans Autres Articles | Lien permanent | Commentaires (0) | Trackbacks (0) | Envoyer cette note | spacer  Facebook

09 août 2010

Culture et développement durable

Si le développement durable  ne devient pas une nouvelle culture, une nouvelle manière de voir et d’agir, en tenant compte des limites de ressources, des équilibres humains et des écosystèmes, cela signifie qu’il ne sera pas intégré, qu’il ne pourra se concrétiser dans le quotidien et les habitudes de chacun, et qu’il sera condamné. Pour une intégration culturelle réussie du développement durable, le secteur de la culture, des arts visuels en passant par la musique ou la littérature, doit jouer un rôle prioritaire. C’est loin d’être le cas aujourd’hui.


Le développement durable est non seulement un terme, mais un concept, une nouvelle vision du monde et une nouvelle façon de vivre. Une nouvelle civilisation est possiblement en germe. Son enjeu culturel est l’acceptation libre par chacun des limites de son environnement et l’utilisation de ces limites pour définir un nouveau cadre d’épanouissement. C’est en entrant, petit à petit, dans nos représentations, nos valeurs, nos jugements esthétiques, nos aspirations, nos envies, et enfin et surtout, dans nos habitudes, que le développement durable deviendra une réalité, une valeur fondatrice La culture prise « dans son sens le plus large […] peut aujourd'hui être considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts, les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeur, les traditions et les croyances. » (définition Unesco)

Une culture du développement durable atomisée

Comment se crée actuellement la culture du développement durable ? Par la diffusion de connaissances, la mise en œuvre d’actions et de gestes, la valorisation de certaines valeurs, le bouche à oreille, etc.
Les émetteurs de cette culture sont divers et nombreux :

-L’Etat, via l’enseignement du développement durable dans les établissements scolaires, les campagnes de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), les Grenelle ;

-Les « people », au travers de leurs engagements médiatisés ; spacer

-Les ONG, par la diffusion de leurs campagnes d’alerte ;

-Les politiques engagés, via leurs prises de parole ;

-Les scientifiques, au moyen de rapports, d'expertises médiatisées ;

-Les médias, via les sujets d'information, la diffusion de documentaires ;

-Les grandes entreprises que la loi oblige, dans leurs rapports annuels, à décrire leurs avancées « durables », et qui investissent dans la publicité « verte » ;

-Les citoyens engagés, enfin, qui s’expriment par leurs actions collectives, leurs blogs ;

-Les intellectuels et artistes, qui produisent des oeuvres, des analyses et une pensée sur la thématique ;

-Etc. spacer
Toutes ces informations et actions participent à créer une culture du développement durable. Cette culture n’est malheureusement aujourd’hui ni riche ni solide. Dispersée, quelquefois instrumentalisée, elle est même parfois agressive vis-à-vis de son sujet, aboutissant à l’émergence d’une contre-culture « anti-écolo ». Force est de constater que le développement durable, après 23 ans d’existence, n’a de succès qu’auprès d’un petit cercle d’initiés.

La perception du terme « développement durable » est loin d’être unanimement positive dans le grand public. Le développement durable est encore souvent perçu comme un oxymore insoluble, un « fourre-tout », un « eco-centrisme » dangereux, ou encore une esthétique « anti-confort ». Les projections sont nombreuses. Elles révèlent la diversité des réactions humaines face à la « mauvaise nouvelle » : la découverte des limites réelles d’un monde que nous souhaiterions illimité. Ces réactions, qu’elles prennent le visage du déni, du rejet, de la prise de conscience ou de l’enthousiasme, doivent être prises en compte dans une approche culturelle, c’est-à-dire intégrant une dimension anthropologique. Et comprises comme des étapes d’un long processus menant à l’acceptation. Le chemin qu’il reste à parcourir pour une intégration culturelle heureuse du développement durable est forcément long. Le développement durable ne pourra se diffuser qu’en tant que proposition ouverte, tolérante et conviviale.

Le dynamisme « viral » des citoyens les plus concernés, qui s’organisent en réseau sur Internet, créent des blogs spécialisés, soutiennent des initiatives, participent à des campagnes de sensibilisation, intègrent des critères de développement durable dans leurs achats, leurs projets immobiliers et d’épargne, est le levier central de la diffusion culturelle du développement durable. Il s’agit bien ici d’un nouveau mode de vie, d’une nouvelle culture, minoritaire certes, mais dotée d’une forte dimension participative. Chaque citoyen impliqué diffuse autour de lui à la fois de la connaissance et des modalités d’action.

Le rôle du secteur culturelspacer

Le secteur culturel investit le plus souvent peu ou mal le développement durable. Prenons la télévision, qui joue un rôle culturel central. Le développement durable y est généralement cantonné à des sujets dans les journaux télévisés ou à des documentaires, ce qui en augmente malheureusement la perception « anxiogène ». Il est globalement absent des séries à large audience, des fictions, des émissions de divertissement, des émissions de débat (exception faite de la controverse pro-Giec anti-Giec…). Or ces contenus sont pourtant ceux où se créent les représentations, la culture. Insérer une dimension de développement durable dans une fiction peut se faire de façon subtile, sans même toucher à l’histoire ou au dialogue. Des gestes comme éteindre la lumière en quittant un appartement, arrêter le moteur de la voiture pendant une discussion avec un piéton, jeter un déchet par terre ou dans une poubelle, ne sont pas précisés dans les scénari, la marge de manœuvre est grande. L’erreur de perspective reste toujours la même : considérer le développement durable comme une thématique de niche et non comme une façon de vivre, une donnée de la société.
Regardons maintenant du côté des romans. S’il y a une belle production sur les dégâts sociaux des entreprises et de nos modes de vie, combien de romans abordent-ils les enjeux environnementaux actuels ? Presqu’aucun. Seules de petites maisons d’éditions spécialisées (mais qui les connaît les éditions Gallmeister ?) s’intéressent véritablement au sujet du point de vue du roman. Il existe bien sûr des exceptions et des auteurs de valeur, mais pas dans le Top 50 de la rentrée littéraire. La logique est certes schématique, mais implacable, pas de roman, pas de fiction au cinéma, pas de discussion du Grand Journal sur le sujet du film, pas de discussion à la cafétéria le lendemain, et ainsi de suite.

Une intelligentsia critique

Nous pouvons remonter plus loin encore, auprès des intellectuels médiatisés. On ne peut que constater les postures prises par certains vis-à-vis du développement durable : le désintérêt, la critique ou la suspicion. spacer Plusieurs intellectuels médiatiques occupent désormais une position accusatoire vis-à-vis de l’écologie. Comment une contre-culture écologique s’est-elle mise en place dans cette élite ? Parmi les explications : la crainte que des enjeux communs puissent créer des solutions communes de type autoritaire, une idée du plaisir et de la liberté individuelle comme acquis ne pouvant supporter aucune contrainte, fût-ce pour les pérenniser à long terme, la défiance vis-à-vis des personnalités de l’écologie, la confiance sur le  modèle économique actuel, etc. Au final, la surreprésentation médiatique des intellectuels sans expertise sur le sujet et la sous-représentation médiatique des intellectuels pertinents sur le même sujet (qui connaît le philosophe François Flahaut ?) freinent l’avancée culturelle du développement durable.

spacer Si la situation générale semble difficile, fort heureusement des signaux positifs viennent donner espoir. Les forces en présence sont nombreuses pour une avancée culturelle du développement durable. Parmi ces forces, entre autres, citons :
-Le grand vivier d’intellectuels prolifiques et pertinents sur la thématique, qu’ils soient philosophes, anthropologues, psychanalystes, éthologues, économistes, etc. Toutes les forces en présence sont là pour créer une nouvelle pensée conviviale et un débat ouvert sur le développement durable. Il ne reste qu’à les médiatiser davantage.
-
L’action grandissante des artistes contemporains sur des thématiques d’enjeux sociaux et environnementaux actuels relatifs au développement durable, et l’augmentation des lieux de visibilité de leur travail. Cette visibilité correspond aussi à la plus grande ouverture du marché de l’art aux artistes du Sud et à la thématique environnementale.
-
Le démarrage d’un débat scientifique, fût-il né douloureusement par la critique, qui saura, s’il est intelligemment mené, placer les données scientifiques au cœur du processus de connaissances, créer un consensus sur des données objectives, ôter l’excès de passion et d’idéologie et créer une nouvelle doxa.


Illustrations :

Alerte Climatique : action de Greenpeace

BP au JT de TF1

Charlotte, Sex and the City

Claude Allègre et Luc Ferry

Oeuvre La peau de Chagrin, Art Orienté Objet, Le Magasin, Grenoble, jusqu'au 5 septembre 2010, www.magasin-cnac.org/

Poster de l'exposition Naturel Brut (jusqu'au 31 octobre 2010), commissariat d'exposition Lauranne Germond de COAL, voir www.projetcoal.fr

 

Article écrit pour "L'Atlas du développement Durable", sous la direction de Gilles Pennequin, éd. Eyrolles (parution automne 2010)

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